Mayotte, immigration… Le casse-tête de Macron
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Pour l’exécutif, Mayotte est devenue un symbole. Dans l’île, l’opération Wuambushu ("reprise" en mahorais) vient de commencer. Environ 1800 policiers et gendarmes sont sur place pour lutter contre la délinquance, l’habitat insalubre et pour expulser quelques milliers de personnes en situation irrégulière. Mais à peine lancée, l’opération a connu un coup de théâtre. Cette nuit, la justice a suspendu jusqu'à nouvel ordre l'opération de destruction d’un premier bidonville qui devait commencer ce mardi matin. La juge des référés, saisie en urgence, a estimé que "la destruction des habitations (...) est manifestement irrégulière", "mettant en péril la sécurité" d’autres habitants non concernés par le projet de démantèlement et a ordonné à la préfecture, avant de démolir les logements insalubres, de trouver des relogements adaptés et des solutions de stockage pour les affaires des familles délogées. Pour le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, l'opération Wuambushu doit néanmoins être maintenue, et ce, malgré la décision de la justice. Il a confirmé que le "préfet fait appel de cette décision".
Toutefois ce n’est pas le seul obstacle que connaît l’opération depuis son lancement lundi. Un peu plus tôt dans la journée, les Comores ont refusé l'accostage d'un bateau transportant des ressortissants expulsés de Mayotte. "Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne", a déclaré le ministre comorien de l'Intérieur, Fakridine Mahamoud. L’archipel, qui a pris son indépendance de la France en 1974, avait déjà dit la semaine dernière ne pas avoir l’intention d’"accueillir des expulsés issus de l’opération", n’ayant pas les moyens d’accueillir un afflux de population.
Mais le préfet de Mayotte ne l’entend pas de cette oreille. En début d’après-midi lundi, il a assuré face à la presse que l’opération Wuambushu ne sera pas arrêtée et que la France espère "reprendre rapidement" les rotations vers les Comores. 25 000 étrangers, en énorme majorité des Comoriens, sont expulsés chaque année de Mayotte, 101e département français où 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, 40 % dans des habitations informelles et un habitant sur deux n’a pas la nationalité française.
Une île de l’océan Indien où la candidate du Rassemblement national est arrivée en tête, avec 59 % des voix, au deuxième tour de la présidentielle, aujourd’hui scrutée de près par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui portera prochainement un nouveau projet de loi sur l’immigration à l’Assemblée nationale. Dans un entretien au Parisien, le président de la République s’est en effet dit finalement favorable à "un seul texte" pour permettre une loi "efficace et juste" après avoir expliqué en mars dernier vouloir saucissonner le projet en "plusieurs textes" pour n’en garder que les aspects les plus consensuels, faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Décidé à aller vite, le chef de l'État est cependant resté évasif sur la méthode qui sera employée par l'exécutif pour faire voter ce texte. Un 49.3 à venir ? Le ministre du Travail Olivier Dussopt a jugé ce mardi qu’il faudra "tout faire pour éviter" d’adopter la future loi sur l’immigration par un nouveau 49.3, tout en admettant que cela restait une "hypothèse".
Alors qu'est-ce que l’opération Wuambushu lancée par le gouvernement à Mayotte ? Quelle est la situation dans le 101e département français ? Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il effectué un changement de braquet sur le projet de loi immigration ? Comment le gouvernement compte-t-il le faire adopter ? Enfin qu’est-ce que la politique "anti-ghetto" menée au Danemark ? Quel est son bilan ?
Nos experts :
- Yves Thréard, éditorialiste, directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
- Rachel Binhas, journaliste en charge des questions migratoires - Marianne
- Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’Immigration et de l’Intégration
- Sylvie Matelly, économiste - Directrice adjointe de l'IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé