"Ballon espion" : Washington accuse, Pékin menace
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À quoi joue la Chine ? Si elle a reconnu que les ballons aperçus dans l’espace aérien américain la semaine dernière lui appartenaient, elle revendique toujours un usage à des fins météorologiques et une dérive de trajectoire. Mais pour Washington, il n’y a plus de doutes : l’engin était "clairement" utilisé à des fins "d’espionnage" et il ne serait pas un cas isolé. L’empire du Milieu a déployé "au cours des dernières années" une "flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage" dans le monde entier, a affirmé mercredi la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre. "Des ballons chinois ont été observés au-dessus de pays des cinq continents" dont ils ont "violé la souveraineté", a-t-elle expliqué lors d’un point presse, quelques jours après que les États-Unis ont abattu un aéronef qui avait survolé des sites sensibles américains. Les États-Unis sont "en discussion avec (leurs) alliés et partenaires" à propos de cette "flotte" de ballons d’espionnage, a-t-elle ajouté.
Un peu plus tard dans la journée, le président américain a assuré que son pays allait "rivaliser pleinement avec la Chine, mais nous ne cherchons pas le conflit", a-t-il affirmé lors d’un entretien diffusé sur la chaîne PBS. Le locataire de la Maison-Blanche a surtout estimé que l’affaire du ballon n’avait pas fait subir de coup dur aux relations entre les deux superpuissances, quelques jours après le report de la visite en Chine d'Antony Blinken. Mais s’il a semblé jouer l’apaisement, Joe Biden n’a toutefois pas manqué de tacler son homologue Xi Jinping. "Trouvez-moi un seul dirigeant mondial prêt à échanger sa place avec Xi Jinping… Moi je n’en trouve pas", a asséné le locataire de la Maison-Blanche. "Cet homme a d’énormes problèmes", notamment "une économie qui ne fonctionne pas très bien", a-t-il jugé, relevant toutefois que le dirigeant chinois "avait aussi beaucoup de potentiel".
Des mots qui, sans surprise, ont fait vivement réagir Pékin. "Ces propos (...) sont totalement irresponsables et violent les règles de base de l'étiquette diplomatique", a déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Mais quelle est la situation dans le pays ? Comment se porte la deuxième puissance économique mondiale ? Subissant les conséquences des mesures drastiques de sa stratégie "zéro Covid" puis de son d’abandon accéléré sur fond de mouvements de colère contre les restrictions sanitaires et pour plus de liberté, l'économie chinoise n’aura rarement autant souffert qu'en 2022. La Chine a vu son PIB croître de 3 % l'an dernier, selon des chiffres officiels publiés ce mardi. Si l'on exclut la piètre croissance de 2020 (+2,2 %), première année de la pandémie, il s'agit de la pire performance de l’empire du Milieu depuis 1976 (-1,6 %) et la fin de l'ère Mao. De plus, en décembre, les exportations de la Chine ont baissé de 9,9% (sa plus forte baisse depuis 2020) et, en novembre, de 8,7 %. À la répétition des confinements, qui ont ralenti l'activité de nombreuses villes, s'est ajouté un gonflement de la dette chinoise et une baisse des investissements, cumulés avec un net recul de la consommation des ménages. De son côté, le taux de chômage des jeunes dépasse les 20 % et la crise de l’immobilier se fait toujours sentir malgré la tentative des autorités de relancer le secteur.
Alors à quoi servent les ballons chinois ? Certains survolent-ils la France et l’Europe ? Pourquoi l’économie chinoise est-elle dans le rouge ? Enfin des postes de police chinois clandestins sont-ils implantés à Paris et en Ile-de-France comme l’affirme l'ONG Safeguard Defenders ?
Nos Experts :
- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie - Fondation pour la Recherche Stratégique
- Nicole Bacharan, politologue-spécialiste des États-Unis
- Mary-Françoise Renard, professeure d’économie et auteure de "Économie de la Chine" - Université Clermont-Auvergne
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé