Ehpad : encore des révélations...
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Il y a un an, les révélations de Victor Castanet et de son livre "Les Fossoyeurs" sur le groupe Orpea avaient suscité une véritable déflagration. On y découvrait la part d’ombre des Ehpad d'Orpea : les couches et la nourriture rationnées, les patients mal soignés et délaissés, le personnel en sous-effectif ainsi qu’une gestion "contestable de l'argent public". Un an plus tard, le journaliste, qui a depuis reçu le prix Albert Londres, publie ce mercredi en version poche une nouvelle édition de son livre, augmentée de dix chapitres, sur les coulisses de l'enquête et les pressions subies avant sa parution.
L’occasion de revenir sur ce scandale, centré au départ sur Orpea, mais qui a ébranlé l’ensemble du secteur des maisons de retraite, privées, associatives ou publiques. Et de s’interroger : qu’est-ce que les révélations ont changé ? Comment l’encadrement et la gestion des Ehpad ont-ils évolué ?
Vendu à près de 170 000 exemplaires, la première édition du livre a bouleversé l’opinion publique. Les langues se sont déliées, les témoignages se sont multipliés sur les conditions de vie dans les maisons de retraite. Le "système Orpea", comme l’a défini Victor Castanet, est aujourd’hui entre les mains des juges et l’onde de choc politique n’est pas terminée, même si plusieurs mesures ont été décidées par l’exécutif, notamment en matière de contrôle. Ainsi alors qu’auparavant les établissements étaient inspectés tous les vingt ans, le gouvernement a ordonné le contrôle, sous deux ans, de l’intégralité des 7 500 Ehpad de France. Au 31 décembre 2022, environ 1 400 avaient déjà été inspectés - ou étaient en cours d’inspection.
Néanmoins si la fréquence des contrôles a augmenté, se pose aussi la question de leur qualité. La Défenseure des droits regrette dans un rapport publié le 16 janvier dernier, "qu’il n’existe toujours pas de référentiel commun comme base de contrôle". L’association Fnadepa, qui regroupe quelque 1.200 directeurs d’Ehpad, dit de son côté craindre que dans la plupart des cas, les contrôleurs se contentent "des documents comptables et administratifs envoyés par mail par les directeurs".
En parallèle des inspections, le gouvernement a annoncé mardi 24 janvier, le lancement d’une plateforme numérique pour recueillir les signalements de maltraitances en Ehpad. Selon le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe, "l’objectif est de libérer la parole, que les signalements soient plus simples et faire en sorte qu’ils soient pris en considération". Un décret paru en avril dernier a par ailleurs obligé les établissements à plus de transparence quant à leurs prestations et leur gestion des sommes facturées aux résidents. Pour autant, "la transparence ne fait pas forcément la qualité", a expliqué à l’AFP Annabelle Vêques de l’association Fnadepa.
D’autant que demeure au cœur de la crise des Ehpad, la question du manque d’effectifs. Dans son rapport de janvier, la Défenseuse des droits a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les "atteintes" aux droits fondamentaux et la "maltraitance" des personnes âgées en Ehpad, estimant que la réponse des pouvoirs publics n’était "pas à la hauteur". "La présence humaine - mesurée à travers le taux d’encadrement - est largement insuffisante pour une prise en charge respectueuse du résident", précise le rapport qui préconise un minimum de huit temps pleins pour dix résidents. Un chiffre sur lequel le gouvernement ne s’est pas encore engagé.
Pour l’heure, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 prévoit le recrutement de 3 000 aides-soignants et infirmiers supplémentaires dans les Ehpad. Le président de la Fnadepa plaidait, lui, en octobre dernier pour que ce chiffre soit porté à 20 000 pour 2023, afin de faire face aux difficultés "inouïes" auxquelles ils sont confrontés. Des professionnels du secteur regrettent également que la loi sur le grand âge, promise par le gouvernement depuis le premier quinquennat, n’ait toujours pas été mise à l’ordre du jour des débats parlementaires. Et ce alors qu’en 2050, un Français sur trois aura plus de 60 ans.
Des Français qui aujourd’hui seraient déjà plus de 80 % à réclamer de pouvoir vieillir chez eux. 89 % approuveraient également l’autorisation du recours au suicide assisté, à savoir l’ingestion d’un produit létal (mortel), en présence d’un médecin, pour mettre fin aux souffrances des malades selon un enquête Ifop de février 2022. Un sujet sensible au centre des travaux menés par la convention citoyenne sur la fin de vie jusqu’en mars 2023.
Les invités :
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé