Après les insultes proférées par l’animateur Cyril Hanouna contre le député de La France Insoumise Louis Boyard sur la chaîne C8 jeudi dernier, l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, a estimé hier que "es faits sont susceptibles de justifier l'engagement d'une procédure de sanctions". Il a donc saisi le rapporteur indépendant, membre du Conseil d'État, à qui il appartiendra désormais d'engager des poursuites et d'instruire le dossier.
La semaine dernière, sur le plateau de l'émission "Touche pas à mon poste", Cyril Hanouna a violemment pris à parti le député de la Nupes. Venu pour aborder le sort des 234 migrants recueillis par le navire humanitaire Ocean-Viking, le député du Val-de-Marne a reçu un flot d’injures - "tocard", "espèce d’abruti", "bouffon" , "c’est une merde" - après avoir accusé les "cinq personnes les plus riches" du pays d'"appauvrir l'Afrique", et tenté d’expliquer les agissements de Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+ et de sa chaîne C8, sur le continent africain.
Le lendemain, la présidente des députés LFI a annoncé qu'elle déposait plainte auprès de l'Arcom. Louis Boyard, de son côté, a appelé "solennellement" la présidente de l’Assemblée nationale à ouvrir une commission parlementaire sur "les ingérences de Vincent Bolloré sur les médias qu'il possède", pointant une "tentative d'intimidation". Dimanche, la présidente de l'Assemblée nationale a estimé la séquence "dégradante pour le débat public et les personnes sur le plateau". Elle a appelé, à nouveau, à "collectivement s'élever contre cette dérive du débat public et du débat dans les médias".
Au début du mois déjà dans l’hémicycle, Yaël Braun-Pivet avait appelé à la "dignité" des débats "au refus de toute haine et de toute violence, fussent-elles verbales" après avoir annoncé le vote par les députés de la sanction disciplinaire la plus lourde contre l'élu RN Grégoire de Fournas. À savoir la "censure avec exclusion temporaire" de 15 jours, pour avoir lancé "qu’il retourne en Afrique !" au député LFI Carlos Martens Bilongo, qui est noir, lors de l’intervention de ce dernier sur le sort des migrants bloqués sur l’Ocean-Viking en Méditerranée. "Le libre débat démocratique ne saurait tout permettre, certainement pas l'invective, l'insulte, certainement pas le racisme, quel qu'en soit cible", avait déclaré, l'air grave, Yaël Braun-Pivet depuis le perchoir, avant que ne reprennent les débats.
Une violence en politique qui est très marquée outre-Atlantique depuis l'ère Trump et qui a atteint dernièrement des sommets. Aux États-Unis où les élections de mi-mandat viennent de se dérouler, la campagne a en effet été rythmée par des agressions verbales mais aussi physiques sans précédent. Fenêtre brisée, homme hurlant avec une arme à la ceinture, menaces de mort quotidiennes, agression au marteau du mari de Nancy Pelosi, la patronne démocrate de la Chambre des représentants… Jamais le climat politique n’avait été aussi agressif et violent, pour autant les électeurs semblent avoir voulu temporiser, en préférant aux candidats trumpistes, des élus démocrates et républicains plutôt centristes.