Mobilisation, nucléaire : Poutine ne "bluffe" pas
C dans l'air- 1 h 3 min
- Français
- indisponible
- tous publics
Du même programme
- C dans l'air C dans l'air Les Jeux polémiques de Paris 2024 diffusé le 18/05 | 1 h 4 min
- C dans l'air C dans l'air Spécial Iran diffusé le 26/05 | 2 h 17 min
- C dans l'air C dans l'air Edition spéciale Etats-Unis diffusé le 13/10 | 2 h 20 min
- C dans l'air plus que 1j C dans l'air Communes : le retour de la taxe d'habitation ? diffusé le 23/10 | 1 h 5 min
Depuis la contre-offensive éclair de l’armée ukrainienne qui a mis en déroute une partie de l’armée russe dans le nord-est, la réponse du Kremlin était attendue. Fidèle à lui-même, placé au pied du mur, y compris par ses alliés asiatiques qui ont tenté la semaine dernière de lui faire entendre raison, Vladimir Poutine a finalement choisi l’escalade. Hier les autorités pro-russes, installées par Moscou, ont annoncé la tenue de référendums d’annexion dans quatre régions d’Ukraine en fin de semaine. Ces référendums confirmés par le maître du Kremlin, dans un discours télévisé enregistré et diffusé ce mercredi, ouvrent la voie à l’annexion par la Russie de pans entiers du territoire ukrainien. Un rattachement qui aurait deux conséquences : les offensives ukrainiennes dans le Donbass deviendraient des agressions contre la Russie ce qui l’autoriserait à se défendre "par tous les moyens" et "l’ opération militaire spéciale", comme l’appelle jusqu’ici Moscou, ne serait plus une guerre de conquête mais une guerre défensive.
Vladimir Poutine a d’ailleurs une nouvelle fois brandi ce mercredi la menace nucléaire contre les pays occidentaux qu’il accuse de vouloir "détruire" la Russie. "Nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple. Ce n’est pas du bluff", a-t-il prévenu la mine grave. Le maître du Kremlin a également décrété la mobilisation militaire partielle pour le front ukrainien. Pas de mobilisation générale dans le décret publié aujourd’hui mais celle de 300 000 réservistes alors que l’armée russe a subi de sérieux revers au nord-est et au sud de l’Ukraine ces dernières semaines. Après sept mois de conflit, elle reconnaît la perte de 6 000 hommes. Mais le bilan pourrait être dix fois plus élevé selon certaines estimations ukrainiennes.
Le discours très offensif de Vladimir Poutine n’a pas laissé de marbre le monde diplomatique. Ainsi l’annonce de la convocation dans l’urgence de consultations, menée par une force d’occupation, a soulevé les critiques à l'Assemblée générale des Nations unies qui se tient actuellement à New York. "Une provocation", a même commenté hier Emmanuel Macron à la tribune de l’ONU, dans un discours particulièrement sévère. C'est "un retour à l'âge des impérialismes et des colonies", a tancé le chef de l’Etat avant de s’adresser aux pays qui, par crainte, commodité voire une certaine convergence de vues avec Moscou, ont gardé jusqu’ici le silence sur la guerre en Ukraine. "Ceux qui se taisent aujourd’hui servent malgré eux, ou secrètement avec une certaine complicité, la cause d’un nouvel impérialisme, d’un cynisme contemporain qui désagrège notre ordre international sans lequel la paix n’est possible", a-t-il martelé.
Le vice-chancelier allemand, Robert Habeck, a fustigé la mobilisation partielle des Russes en âge de combattre annoncée par le président russe. "Avec la mobilisation partielle, la Russie pratique une politique d'escalade de cette guerre d'agression en violation avec le droit international. C'est une étape grave et mauvaise que nous condamnons fermement". Washington a de son côté dit "prendre au sérieux" la menace nucléaire de Poutine et dénonce une rhétorique irresponsable. La Chine a, elle, enfin appelé à un "cessez-le-feu à travers le dialogue".
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche
- Alain Bauer, professeur au CNAM, responsable du pôle sécurité, défense et renseignement
- Pierre Haroche, chercheur en sécurité européenne - Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire
- Elsa Vidal, rédactrice en chef de la rédaction en langue russe - RFI
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé