14-juillet : l'armée française prête pour la guerre ?
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Le retour de la guerre aux portes de l'Europe donne un relief particulier au traditionnel défilé militaire de ce 14-Juillet. Une parade militaire sur les Champs-Elysées, présidée par le chef de l’État, qui a mis à l’honneur cette année les pays du flanc Est de l’Otan en première ligne face à la Russie et les troupes françaises qui y sont déployées. Le défilé à pied a ainsi été ouvert par les drapeaux de neuf pays étrangers invités : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie.
"Alors que l’invasion est dans tous les esprits, la France souhaite manifester son engagement sans faille auprès de ses partenaires et alliés", a expliqué le gouvernement dans un communiqué, soulignant également l'importance du slogan du défilé – "Partagez la flamme". Une triple référence au lien armée-nation, à la flamme de la Résistance incarnée par Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, décédé l'an dernier, et à la flamme olympique dont la France est désormais dépositaire. Ces mots "insufflent une détermination sans faille pour l’avenir, au regard des pages de notre histoire pas si lointaine", a souligné le ministère des Armées. Et d'ajouter : "Le retour de la guerre en Europe sonne en effet comme une piqure de rappel : rien n’est jamais acquis".
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février dernier, Paris a renforcé son appui en Roumanie, en Estonie et ses avions de combat Rafale contribuent à protéger le ciel polonais. La France envoie également des armes à l’Ukraine, dont les fameux canons Caesar, pièces majeures de l'artillerie française. Mais ce conflit a aussi soulevé la question de la capacité militaire de la France à faire face à une guerre totale qui nécessiterait une grande capacité de mobilisation humaine et de matériel. Un rapport parlementaire, remis en février dernier a alerté la représentation nationale mais aussi l’opinion publique sur les manques de l’armée française en cas de conflit majeur, pointant un stock de matériel insuffisant et une masse trop faible de notre armée.
Pour pallier ces manques, le chef de l’État a annoncé hier dans son discours aux armées une réévaluation des besoins budgétaires en matière de défense, via une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 plus adaptée "à la perspective du retour possible d'un affrontement de haute intensité". En ce sens, il a chargé le chef d'État-major des Armées, ou encore le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de lui "faire des propositions très concrètes" avant la fin de l'année, afin de les "discuter avec le Parlement" début 2023.
Le président de la République avait déjà en juin dernier évoqué les défis posés au secteur de la défense, celui "d'une entrée dans une économie de guerre". "Nous allons devoir durablement nous organiser", avait-il déclaré, "aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges pour reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos armées, pour nos alliés, pour celles et ceux que nous voulons aider, une économie où nous ne pouvons plus vivre avec la grammaire d'il y a même un an", avait-il prévenu.
L'industrie de la défense doit se déshabituer au temps de paix pour accroitre ses cadences. Reste que l'augmentation des cadences de production est avant tout une réorganisation industrielle d'ampleur. L'industrie de défense va devoir former, recruter et investir pour augmenter ses capacités de production. Sans parler de notre dépendance aux métaux explique le président (LR) de la commission de la Défense du Sénat, Christian Cambon qui en mars dernier s’inquiétait avec d'autres parlementaires du niveau de nos stocks de munitions et demandait que la France se prépare à un conflit de longue durée.
Des déclarations qui surviennent alors que la course aux armements relancée par la Russie en 2018 s’accélère. 82,4 milliards de dollars ont notamment été dépensés par les différentes puissances mondiales pour moderniser leur arsenal atomique. D'après un rapport de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), le budget consacré au programme nucléaire a même bondi de 9 % l'an dernier dans le monde, par rapport à 2020.
Alors l'armée française est-elle prête en cas de conflit de haute intensité ? Comment augmenter les capacités de production de l’industrie de la défense ? Enfin qu'est-ce que les réservistes de l'armée dont le chef de l’État souhaite voir le nombre doubler ?
Invités :
- Général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire, ex-commandant des opérations spéciales
- Pierre Haroche, chercheur en sécurité européenne à l’Institut de Recherche stratégique de l’École militaire
- Sylvie Matelly, économiste et directrice adjointe de l’IRIS
- Michel Cabirol, rédacteur en chef en charge des questions de défense, aéronautiques et spatiales au journal - La Tribune
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé