Gaz, pétrole... La France en économie de guerre ?
C dans l'air- 1 h 6 min
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La France fait-elle un pas vers l'"économie de guerre" évoquée par Emmanuel Macron le 13 juin dernier, en tout cas en ce qui concerne le secteur de l'énergie ? Le projet de loi pouvoir d'achat, présenté en Conseil des ministres la semaine prochaine et examiné à partir de lundi en commission par les députés, comporte un volet "souveraineté énergétique" qui attribue des pouvoirs sans précédent à l'Etat en cas de crise majeure l’hiver prochain. Il prévoit notamment la réquisition des centrales à gaz, le remplissage forcé des stockages, des dérogations pour accélérer l'installation d'un terminal d'importation de GNL au Havre et le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold.
Le gouvernement se prépare ainsi au scénario d'une rupture totale d'approvisionnement en gaz russe, option jugée désormais la plus probable par le ministre de l’Économie. Parallèlement, l’exécutif réfléchit à des moyens de faire supporter aux Français l'augmentation des tarifs du gaz et de l'électricité. Pour l'instant, les consommateurs ne sont que peu touchés par cette hausse : l'État a déployé un "bouclier tarifaire" figeant les prix à leur niveau d'octobre 2021. Mais cette mesure est coûteuse, elle devrait prendre fin en 2023. Alors à partir, du 1er janvier, et si la facture d’électricité ou de gaz fluctuait selon le revenu ? C’est la piste envisagée par Bercy. "Il faudra, à partir du 1er janvier 2023, que sur l'électricité et le gaz, on soutienne davantage ceux qui en ont besoin. Mais pour qu'on puisse le faire, il faut aussi qu'il y ait des augmentations pour ceux qui peuvent se le permettre. Cela veut dire qu'on tiendra compte du niveau de revenu des personnes", a ainsi expliqué Bruno Le Maire ce lundi 11 juillet.
Mais à partir de quel revenu la facture pourrait-elle être plus salée pour les Français ? Et où en est l’idée d’une taxe sur les "surprofits" de certaines entreprises demandée par la Nupes et le Rassemblement national ? Si Emmanuel Macron a dénoncé lors du G7 en Allemagne "les profiteurs de guerre" et promis de régler le problème, depuis la Première ministre s’est montrée plus évasive. "Beaucoup de nos voisins ont mis en place des mécanismes pour taxer ces surprofits", mais "on n’est pas dans la même situation" en France, a-t-elle affirmé.
De son côté l’opposition continue de pousser pour mettre les grands groupes à contribution, et de hausser le ton. Ainsi après le rejet hier à l’Assemblée nationale de la motion de censure de la gauche, la Nupes réclame désormais une commission d’enquête parlementaire à propos des Uber files, nom donné à la fuite de 124 000 documents couvrant la période entre 2013 et 2017. Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie est accusé d’avoir favorisé le géant américain des VTC en 2015 en organisant des rencontres secrètes et en allant jusqu’à changer la loi en sa faveur. Un groupe dont on découvre les pratiques brutales : il aurait développé une arme anti-perquisition activée dans de nombreux pays dont la France pour éviter les contrôles et un système d’optimisation fiscale qui lui aurait permis d'économiser plus de 500 millions de dollars d'impôts dans le monde pour la seule année 2019, en faisant transiter ses bénéfices par les Bermudes et d'autres paradis fiscaux.
Qu'est-ce qu’une économie de guerre ? Faut-il des tarifs de l’énergie diversifiés en fonction des revenus ? Quid d’une taxe sur les superprofits des entreprises ? Enfin que révèlent les Uber files ?
Les invités :
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction - Les Échos
- Fanny Guinochet, éditorialiste - France Info, spécialiste des questions économiques et sociales
- Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique - Marianne
- Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE)
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé