Gaz, électricité : après la flambée... le rationnement ?
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Le spectre d'un hiver sans gaz russe se rapproche. La France ne reçoit plus du tout de gaz russe par pipeline depuis la mi-juin. Toute l'Europe est touchée. Si le gouvernement français s’est voulu rassurant sur l'approvisionnement du pays dans l'immédiat, l'inquiétude monte pour l'hiver prochain. Car le rationnement des usages, qui toucherait l'industrie et pénaliserait l'économie, devient un risque, non seulement dans les pays très dépendants de la Russie mais aussi en France où une partie du parc nucléaire est à l'arrêt. L'heure est donc à la promotion de la sobriété.
La France a été rattrapé ces derniers mois par la découverte d'un défaut de conception sur plusieurs de ses réacteurs nucléaires. EDF est en effet confronté à de sérieux problèmes de corrosion. Un phénomène qui l'a conduit à mettre préventivement à l'arrêt 12 réacteurs alors qu'une partie de son parc l’était déjà en raison du report de programmes de maintenance provoqué par la crise sanitaire. Résultat : 27 réacteurs sont aujourd'hui à l'arrêt, quasiment la moitié du parc nucléaire français, entraînant un effondrement de la production nationale. De quoi faire craindre une nouvelle explosion des prix de l’électricité, qui s’envolent depuis la libéralisation du secteur il y a dix ans.
La réduction des livraisons de gaz russe a également eu pour conséquence de voir des pays de l'Union européenne (UE) rallumer, tour à tour, des centrales à charbon. Pour éviter les coupures et anticiper l'hiver prochain, de plus en plus de nations de l'UE, parmi lesquelles la France, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas et l'Italie, relancent leurs centrales à charbon. Avec forcément un impact sur le climat. De nombreuses centrales étaient fermées pour des raisons écologiques, car aucune source d’énergie n’est plus émettrice de gaz à effet de serre que le charbon.
En France, on pourrait ainsi mobiliser la centrale à charbon Saint-Avold, en Moselle. Le propriétaire a déjà sonné le rappel de ses anciens salariés partis en pré-retraite ou en voie de reclassement en vue d'un possible redémarrage de la centrale. Le projet de loi pour la protection du pouvoir d’achat devrait permettre de les réembaucher. En fonctionnement, elle aurait une capacité de 500 mégawatts. C'est cependant bien moins qu’en Allemagne, où le quart de l’électricité dépend déjà du charbon. L'Autriche, sortie de cette énergie l'année dernière, s'apprête à remettre en marche une centrale. De leur côté, les Pays-Bas vont augmenter leurs capacités de production sur leur dernier site, qu'ils avaient prévu de fermer en 2029.
Malgré ces événements, l'UE maintient sa volonté d'en finir avec le charbon d'ici huit ans. En Europe de l'Est, on remet pourtant déjà en cause cet objectif. La République tchèque, qui avait pourtant un rythme soutenu de fermetures de centrales, a été formelle : priorité à la sécurité énergétique plutôt qu'à la transition écologique.
Cette transition apparaît pourtant chaque jour plus urgente et nécessaire. L’effondrement hier du glacier alpin de la Marmolada, dans le nord de l’Italie l’a à nouveau rappelé. De ce glacier, il ne reste qu’un trou béant. Le Premier ministre italien, Mario Draghi, qui s’est rendu sur place a estimé que ce drame "dépend sans aucun doute de la dégradation de l’environnement et de la situation climatique". Ce sont en effet les températures trop douces des Alpes qui sont la cause de l’effondrement. Vingt-quatre heures auparavant, le glacier connaissait un record de chaleur, de dix degrés enregistrés à son sommet. Dans son dernier rapport, le Giec plaçait la fonte des glaciers parmi les principales menaces du réchauffement climatique. Selon les experts, 80 % des glaces dans les Alpes pourraient avoir fondu d’ici 2100 en raison de la hausse des températures.
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Quelle solution pour conjuguer crise énergétique et crise écologique ?
Invités :
- Nicolas Bouzou, économiste, directeur du cabinet de conseil Asterès
- Yves Thérard, éditorialiste, directeur adjoint de la rédaction - " Le Figaro "
- Sharon Wajsbrot, journaliste spécialiste des énergies - " Les Echos "
- Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - " L’Usine Nouvelle "
Présenté par : Caroline Roux