Les leçons du débat
C dans l'air- 1 h 4 min
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Ont-ils convaincu ? Jusque tard dans la nuit Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont étalé leurs divergences lors d’un débat d’entre-deux-tours de 2h50 suivi par près de 15.6 millions de téléspectateurs. Économie, chômage, prix de l’énergie, Europe, santé, école… À grand renfort de chiffres – sur lesquels ils se sont systématiquement opposés – et de nombreuses piques verbales, les deux candidats à la présidentielle ont confronté leurs projets, très différents, sur de multiples sujets. A commencer par le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français et sujet d’ouverture de l’émission décidé par tirage au sort.
Se présentant comme "la présidente du quotidien, de la valeur travail et du pouvoir d’achat", la candidate d’extrême droite a affirmé vouloir "baisser les dépenses contraintes", grâce à une baisse de la TVA sur l’ensemble de l’énergie, passant de 20 à 5,5 %, que ce soit pour "le carburant, le gaz, l’électricité, le fioul". Et pour répondre tout de suite à l’inflation, elle a assuré vouloir une TVA à 0 % sur 100 produits de première nécessité. De son côté, Emmanuel Macron a défendu le bouclier mis en place par son gouvernement pour "bloquer les prix sur l’électricité et le gaz" qui a permis une inflation inférieure à celle connue par nos voisins européens et a assuré qu’il serait maintenu "aussi longtemps que la crise est là". Une mesure "deux fois plus efficace que la baisse de la TVA" qui "va aller aux grands distributeurs beaucoup plus qu'aux consommateurs" et qui est "est injuste car elle n'est pas ciblée et touchera nous quatre qui n'en avons pas besoin" au lieu des ménages qui sont "à l'euro près" pour lesquels "le chèque est le plus adaptés" a affirmé Emmanuel Macron. Il a ajouté vouloir, "une fois la crise passée, aider les Français à rénover leur logement pour réduire leur consommation d’énergie", et ainsi conduire à une baisse de leurs factures.
Les deux finalistes se sont ensuite accrochés sur leurs propositions respectives d’incitations à augmenter les salaires et primes, chacun accusant l’autre de faire croire que les hausses seront "automatiques". "Vous n’allez pas faire les salaires, Mme Le Pen". "Tout comme vous n’allez pas faire les primes, M. Macron", se sont répondu les deux candidats.
Le débat s'est poursuivi sur les sujets internationaux, le président-candidat reprochant à la cheffe du Rassemblement national de "dépendre du pouvoir russe" et "de monsieur Poutine" pour avoir "contracté en 2015 un prêt auprès d’une banque russe proche du pouvoir" quelques mois "après avoir été l’une des premières dirigeantes européennes à reconnaître dès 2014 le résultat de l’annexion de la Crimée". "Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème madame Le Pen", a insisté Emmanuel Macron. Réplique de l’intéressée : "c’est faux et c’est assez malhonnête (...) Je suis une femme parfaitement libre". "Si j’ai été obligée d’aller faire un prêt à l’étranger, c’est parce qu’aucune banque française n’a accepté de m’accorder de prêt", a indiqué l’ancienne présidente du Rassemblement national, régulièrement accusée de complaisance à l’égard du Kremlin.
La question de l’Europe a également été un sujet électrique. Emmanuel Macron accusant Marine Le Pen de vouloir quitter l’Union européenne sans le dire. "Vous mentez sur la marchandise. L’Europe est une copropriété, on ne peut pas décider seul de ripoliner la façade", a-t-il affirmé. Marine Le Pen venait de dire qu’elle souhaitait "rester dans l’Union européenne", mais "profondément la modifier pour faire émerger une alliance européenne des nations".
Puis en fin d’émission les deux candidats ont abordé la question de la laïcité et des institutions, actant leur "incontestable divergence". Affirmant vouloir lutter contre "l’idéologie islamisme", "pas contre la religion de l’islam, il n’y a aucun problème", Marine Le Pen s’est dit favorable à l’interdiction du voile dans l’espace public. "Vous allez créer la guerre civile si vous faites ça", a répondu Emmanuel Macron. "La France, patrie des Lumières, deviendrait avec vous le premier pays au monde à interdire les signes religieux dans l’espace public, cela n’a aucun sens. (…) Ce n’est pas la France de l’universalisme ce que vous proposez (…), c’est une trahison de l’esprit français et de la République". "Mme Le Pen, on parle de religion, (…) vous ne pouvez pas expliquer qu’une loi qui interdit le voile dans l’espace public est une loi contre l’islamisme radical", a lancé M. Macron. "Eh bien si", a répliqué son adversaire. La candidate d’extrême droite a également défendu son "référendum sur l’immigration", comprenant "une révision constitutionnelle" en passant par "l’article 11 de la Constitution". Une mesure "inconstitutionnelle" a répliqué le président sortant. "Vous n'avez pas lu ma loi", lui a répondu la candidate du Rassemblement nationale. "Non, mais j'ai lu la Constitution française, excusez-moi", a répliqué Emmanuel Macron.
2h50 d’échanges musclés donc. Mais pour quel résultat ? Ce débat peut-il faire bouger les lignes ? Qui sort gagnant de ce rituel télévisé de l’entre-deux-tours ? Que vont faire les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, candidat arrivé troisième au premier tour avec 21,95 % des voix ? Évoquant sur twitter pendant le débat un "gâchis", le candidat de l’Union populaire n'a visiblement pas été convaincu par Marine Le Pen et Emmanuel Macron. "Le pays méritait mieux. Vivement le troisième tour", a écrit Jean-Luc Mélenchon faisant référence aux futures élections législatives françaises qui auront lieu au mois de juin. Mardi, après avoir réaffirmé ne pas vouloir qu’une seule voix "insoumise" ne soit "donnée à Mme Le Pen", et souligné que les deux candidats "ne sont pas de même nature", il a lancé la bataille pour Matignon pour imposer une cohabitation au futur locataire de l’Élysée.
Invités :
- Dominique Reynié, directeur général de Fondapol, fondation pour l’innovation politique
- Neïla Latrous, journaliste politique - France Info
- Sophie Fay, journaliste au service Economie – L’Obs
- Brice Teinturier, directeur général délégué - Institut de sondages Ipsos
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé