McKinsey : un "scandale" au cœur de la campagne ?
C dans l'air- 1 h 5 min
- indisponible
- tous publics
Du même programme
- C dans l'air C dans l'air Les Jeux polémiques de Paris 2024 diffusé le 18/05 | 1 h 4 min
- C dans l'air C dans l'air Spécial Iran diffusé le 26/05 | 2 h 17 min
- C dans l'air C dans l'air Edition spéciale Etats-Unis diffusé le 13/10 | 2 h 20 min
- C dans l'air plus que 1j C dans l'air Communes : le retour de la taxe d'habitation ? diffusé le 23/10 | 1 h 5 min
" S’il y a preuve de manipulation, que ça aille au pénal ! " Dimanche sur France 3, Emmanuel Macron n’a pas caché son agacement à propos d’une question sur l’affaire McKinsey qui pollue depuis quelques jours sa campagne. Alors que ses concurrents à la présidentielle se sont emparés du rapport du Sénat sur le recours du gouvernement aux cabinets de conseil et dénoncent un " scandale d’Etat ", le président sortant a réfuté toutes " combines " et jugé " légitime " que des ministères se tournent vers " des prestataires extérieurs pour les aider ".
Le Sénat a révélé le 17 mars que les contrats de l'Etat avec ces cabinets avaient " plus que doublé " entre 2018 et 2021, atteignant un record de plus d'un milliard d'euros en 2021. Les sénateurs ont par ailleurs saisi vendredi la justice pour " suspicion de faux témoignage " contre un dirigeant de McKinsey qui a affirmé lors d’une audition que son cabinet payait bien l'impôt sur les sociétés en France. Le sujet est politiquement sensible pour l'exécutif, accusé depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron de multiplier les contrats avec ces groupes privés de conseil qui sont intervenus " sur la plupart des grandes réformes du quinquennat " d’après les sénateurs. McKinsey est ainsi intervenu pour « éclairer les évolutions du métier d'enseignant » et a réalisé une étude sur leur rémunération au mérite (pour un montant total de 496 800 euros), sur la réforme du mode de calcul des aides personnalisées au logement (3,88 millions d'euros), auprès de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse à propos de la réforme des retraites (957 000 euros) ou encore dans le cadre de la campagne vaccinale contre le Covid-19 (12,33 millions). Le rapport pointe notamment des travaux " inégaux " qui n’apportent pas toujours satisfaction et estime que les résultats pourraient être meilleurs et moins chers en s’appuyant sur des ressources internes. Les sénateurs regrettent aussi une certaine forme d’opacité et pointent l’influence croissante de ces cabinets privés dans la prise de décision.
L’affaire McKinsey peut-elle mettre en difficulté Emmanuel Macron dans cette dernière ligne droite ? Toujours tête des intentions de vote (27,5 %) devant Marine Le Pen (20 %), Emmanuel Macron enregistre cependant une perte de 3 points dans les sondages. Alors à moins de deux semaines du premier tour, descendre dans l’arène n’est plus une option. Lundi, le président et candidat à sa réélection a fait son premier déplacement de campagne à Dijon. Venu rencontrer des habitants pour défendre son programme social, il a été vivement interpellé sur son bilan et sur le pouvoir d'achat. "Est-ce que vous trouvez ça normal que je n'arrive plus à vivre de mes revenus ?", lui a demandé un agent commercial qui avec sa femme gagne 4000 euros par mois. "Tout flambe" " je suis devenu un salarié pauvre. Il ne me reste plus et je ne suis pas le seul (...) Mettez-vous à la place d'une famille française. Ça ne peut plus durer, les gens vont péter un câble ! ", lui a-t-il lancé sur un ton décidé mais courtois. Emmanuel Macron a tenté de lui répondre, insistant sur la remise à la pompe de 18 centimes TTC par litre de carburant à partir de ce vendredi, sur le " bouclier " mis en œuvre pour limiter le prix du gaz et la baisse des impôts... Mais " je n’ai pas de solution magique car le drame des classes moyennes ce sont les dépenses contraintes qui augmentent ", a-t-il reconnu, en soulignant l’importance maintenant de la " négo salariale ".
Rattrapé par la question du pouvoir d’achat lors de son bain de foule, Emmanuel Macron est également revenu lundi sur la situation en Corse. Dénonçant des " violences inexplicables et inexcusables ", le chef de l’Etat a appelé " à rester calme, dans le respect, l’esprit de dialogue qui doit être restauré au plus vite ". Le président suit de très près ce dossier corse, hautement inflammable. Il craint un nouvel embrasement, synonyme d’affaiblissement de l’autorité de l’État, depuis la mort d'Yvan Colonna.
LES INVITÉ.ES :
- Bruno JEUDY - Rédacteur en chef du service politique - Paris Match
- Nathalie MAURET - Journaliste politique - Groupe de presse régionale Ebra
- Aurore GORIUS - Journaliste - Les Jours.fr
- Jérôme FOURQUET - Directeur du département Opinion - Institut de sondages IFOP et auteur de " La France sous nos yeux "
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé