Terrorisme : la guerre perdue du Mali ?
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Quitter le Mali après neuf ans de lutte contre les terroristes. Emmanuel Macron a officialisé ce jeudi le retrait de leurs troupes françaises présentes dans le pays depuis 2013 dans le cadre des opérations "Serval" puis "Barkhane" menées par Paris. Non pas que la guerre contre les djihadistes soit gagnée dans la région mais parce que la junte militaire au pouvoir après deux coups d’État en moins d’un an les a poussés dehors. La relation entre Paris et Bamako après s’être fortement dégradée au fil des mois est désormais rompue.
"Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d'autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés", et qui ont recours à "des mercenaires de la société [russe] Wagner" aux "ambitions prédatrices" a fait valoir le président de la République. "La lutte contre le terrorisme ne peut pas tout justifier. Elle ne doit pas, sous prétexte d'être une priorité absolue, se transformer en exercice de conservation indéfinie du pouvoir", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen.
Concrètement après Kidal, Tessalit et Tombouctou en 2021, les "emprises" françaises de Gossi, de Ménaka et de Gao vont donc fermer a expliqué le chef de l’État. La fermeture de ces bases devrait "prendre quatre à six mois". Parallèlement dans les prochaines semaines et mois, un "appui" sera fourni "à chacun des pays de la région sur la base des besoins [qu'ils] auront exprimés". Cet appui pourra être "de l'aide en matière d'entraînement, de la fourniture d'équipements, voire un appui à leurs opérations contre le terrorisme".
À la fin du retrait au Mali, le nombre de militaires français positionnés au Sahel sera de 2 500 à 3 000 hommes, contre 4 600 actuellement. Et ils ne seront pas les seuls à être redéployés. Les forces spéciales européennes de Takuba vont également quitter le territoire malien et être "repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali" pour poursuivre la lutte contre les groupes terroristes qui se réorganisent constamment dans la région. En effet, "la situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace jihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest", indique l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans une note publiée le 11 février.
Pour autant le président "récuse complètement" l'idée d'un échec français au Mali, affirmant que cette présence a "évité le pire". "Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir ? Vous auriez à coup sûr un effondrement de l'État malien", a-t-il fait valoir, avant de souligner "de nombreux succès" comme l'élimination de l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en juin 2020.
Un point de vue que ne partage par la candidate du Rassemblement national. Pour Marine Le Pen, "c’est un échec. Le fait d’être obligés de partir, après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien est un échec. On aurait probablement pu changer de stratégie depuis quatre ou cinq ans, ce qui n’a pas été le choix d’Emmanuel Macron. (...) Il faut organiser cette sortie, quoi qu’il en coûte !", a estimé la candidate. Jean-Christophe Lagarde (UDI) a, lui, parlé d'un "jour sombre" et a estimé que "ce départ signe aussi hélas l'échec total des stratégies successives de M. Macron". "Notre mission au Sahel de lutte contre l'islamisme n'est pas terminée", a déclaré de son côté la candidate LR. Valérie Pécresse a indiqué qu’elle souhaitait, comme l’a annoncé le chef de l'État, que la "France reste au Sahel". "Cette décision de réorganisation est une bonne décision, si c'est réorganiser", a-t-elle ajouté, estimant que, "si on abandonne ce terrain, alors nos soldats seront sans doute morts pour rien et ça je ne l'accepterai pas".
L’annonce de la fin de l’opération "Barkhane", après neuf ans, suscite également des remous au sein de l’armée. Car si au sein de la grande muette leurs possibilités de s’exprimer sont très limitées elle n’en est pas moins vécue durement par certains militaires français et leurs proches, à commencer par les familles des 53 Français morts au combat.
Alors quel bilan faire de l’opération "Barkhane" ? Comment le retrait des forces françaises du Mali va-t-il s’organiser ? Quel sera le nouveau dispositif français pour lutter contre le terrorisme au Sahel ?
Invités :
- Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
- Wassim Nasr, journaliste spécialiste des mouvements djihadistes - France 24
- Elise Vincent, journaliste spécialiste des questions de défense – Le Monde
- Alexandra Jousset, journaliste et réalisatrice du documentaire Wagner : L’armée de l’ombre de Poutine
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé