Scandale des Ehpad : et maintenant Korian !
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Après Orpea, c’est au tour du groupe Korian, leader français des maisons de retraite, d'être pointé du doigt pour des soupçons de maltraitance. "Des dizaines et des dizaines" de témoignages de familles affluent dans le bureau de Maître Sarah Saldmann qui annonce vouloir lancer une procédure collective au mois d’avril. Car "ce sont sensiblement les mêmes problèmes que chez Orpea", développe l’avocate déjà à l'origine d'une autre action collective contre Orpea. "Il y a de la dénutrition avec des patients qui maigrissent très vite alors qu’on paye 4 500-5 000 euros la chambre environ. Les patients sont déshydratés. Il y a par exemple un patient qu’on couche à 16 heures et qu’on ne lève pas de la journée. Il y a des patients qui ne sont pas stimulés. Ce qui ressort beaucoup ce sont de graves problèmes d’hygiène. Il y a aussi toutes les humiliations, on méprise les patients, on leur parle mal. C’est un manque total d’humanité parce que c’est une pompe à fric", énumère Sarah Saldmann.
Depuis la publication du livre-enquête "Les Fossoyeurs", la parole sur les maltraitances dans les Ehpad s’est libérée. La plateforme téléphonique du 3977 a enregistré "une montée en flèche" des signalements de maltraitances. De plus en plus de familles ainsi que des soignants se tournent vers la justice alors que le magazine de France 2 "Cash Investigation" promet de nouvelles révélations dans son prochain numéro.
Un nouveau séisme à venir donc, et une situation qui pousse à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle les politiques à s’emparer de la question sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes dans notre pays. La nouvelle direction du groupe Orpea a été auditionnée la semaine dernière à l'Assemblée nationale par des députés exaspérés devant l'absence de réponse. Deux enquêtes sont en cours pour vérifier la véracité des faits, démentis par le groupe, et le président de l’Assemblée nationale LREM Richard Ferrand a plaidé pour "privilégier les établissements qui sont à but non lucratif".
Mais c’est insuffisant selon les nouveaux prétendants à l’Élysée qui ne manquent pas de rappeler l'abandon par l’exécutif de la loi "grand âge" et en profitent au passage pour présenter leurs mesures pour les personnes en perte d’autonomie. Certaines sont communes à plusieurs candidats, comme les revalorisations salariales ou l’augmentation des personnels et des contrôles. D’autres préfèrent mettre l’accent sur l’aide à domicile ou prônent pour des Ehpad 100 % publics, sur le modèle de ce qu’il se fait déjà dans les Landes.
Là-bas, neuf établissements sur dix sont publics. C'est le résultat d'une politique assumée depuis longtemps par le département, d’abord par le socialiste Henri Emmanuelli puis par son successeur Xavier Fortinon. "L'idée est de ne pas délivrer d'agréments à des établissements privés. Quelqu'un qui rentre dans une maison de retraite, il n'est pas là pour financer les dividendes des actionnaires de ces grands groupes", assure-t-il, avant d'ajouter "qu'on accompagne pour que le prix d'hébergement demeure le plus faible possible". Il s’agit d’un vrai choix budgétaire : chaque année pour la collectivité départementale landaise, le budget affecté aux Ehpad représente un peu plus de 50 millions d'euros, soit environ 200 euros par an et par foyer fiscal.
De son côté, la patronne du groupe Korian a défendu le modèle privé dans une interview aux Echos et a demandé à l'Etat un effort financier. Estimant que le secteur souffre d'un manque de financement public, avec dans le cas de Korian une dotation moyenne pour les soins et la dépendance de 60 euros par patient et par jour, Sophie Boissard a indiqué qu’il est "insuffisant au regard des besoins de la grande dépendance". Aux Pays-Bas, la dotation est de 200 euros.
Alors que se passe-t-il dans les Ehpad ? Comment éviter les dérives ? Que proposent les candidats à l’élection présidentielle ? 95 % des Ehpad landais sont publics, est-ce un modèle extensible ? Faut-il interdire les Ehpad privés à but lucratif ?
Invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Solveig Godeluck, journaliste spécialiste des questions de protection sociale - Les Echos
- Sophie Aurenche, rédactrice en chef - RTL
- Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique - Marianne
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé