La France doit-elle rester au Mali ?
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En Afrique de l’Ouest, les coups d’Etats de suivent et se ressemblent. Le dernier en date s’est déroulé le 24 janvier dernier au Burkina Faso. Le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé par les militaires. Ces derniers, apparus à la télévision nationale, affirment avoir "mis fin au pouvoir" du président pour remettre le pays sur "le bon chemin". Ce dernier avait pourtant été élu une première fois en 2015 dans la foulée d’un soulèvement démocratique et populaire, avant d’être réélu en 2020. C’est la troisième fois en quelques mois qu’un président élu est renversé par un putsch dans la région. La situation sécuritaire, dans une région durement frappée par le terrorisme jihadiste, est sans doute en cause. Les militaires burkinabè ne cachaient en effet pas leur désarroi et certains se montraient déjà menaçants depuis quelque temps, exigeant plus de moyens de la part de l’Etat. Ce coup d’Etat au Burkina Faso montre donc une nouvelle fois, après le Mali voisin et la Guinée, l’échec d’un gouvernement élu démocratiquement face aux jihadistes et la colère des populations. Aux yeux de ces dernières, le pouvoir civil apparaît décrédibilisé.
C’est dans cette zone du Sahel, et dans ce contexte d’instabilité liée à la poussée jihadiste que l'armée française intervient, dans le cadre de la force Barkhane. Mais il est prévu que celle-ci soit prochainement remplacée par la montée en puissance d’une nouvelle force européenne, Takuba, sur laquelle compte Paris. Seulement les Européens se heurtent désormais à la junte malienne. Le dialogue entre ces pays se tend et la France perd de l’influence face à l’arrivée d’un nouvel acteur : la Russie, qui s’installe avec ses commando Wagner, force paramilitaire privée proche de Moscou. Depuis le débarquement à Noël de ces mercenaires russes, stipendiés par les colonels putschistes, la coalition européenne subit de sérieux coups et la situation se complique. De source française proche du dossier, les avis sont partagés entre les pays européens qui ne veulent pas travailler avec la junte et ceux qui refusent de laisser une carte blanche à la Russie et aux mercenaires du groupe Wagner.
Quoiqu’il en soit, gênés dans leur action militaire par les colonels putschistes, la France et ses partenaires européens ne peuvent "pas rester en l’état" dans ce pays, a récemment prévenu Paris.
Après neuf ans d'intervention militaire française au Sahel, le bilan est pour le moins mitigé. Les groupes jihadistes ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs et l'État malien n'a jamais véritablement réussi à s'installer durablement dans les territoires délaissés. Les violences se sont propagées dans le centre du pays puis au Burkina Faso et au Niger voisins.
Cette instabilité, associée aux fragiles économies des pays de la région, n’a pas permis de tarir les flux migratoires. Plus au nord, en mer Méditerranée, les conséquences sont toujours aussi dramatiques, entre sauvetage et naufrage de gens partis chercher l’eldorado dans une Europe qui leur ferme de plus en plus ses portes. Beaucoup s’embarquent depuis la Tunisie. Les côtes de ce pays voient les cadavres de beaucoup d’entre eux revenir s’y échouer. Au sud du pays, la ville côtière de Zarzis récupère les corps des migrants que la mer a renvoyés. Ce jeudi 27 janvier, 6 corps y ont été repêchés.
Après le Mali et la Guinée, c’est au tour du Burkina Faso de vivre un coup d’État militaire. Comment comprendre un tel enchaînement ?
Avec la fin de l'opération Barkhane, quelle sera la stratégie antiterroriste pour les forces françaises au Sahel ?
Que faire face à ce drame humain en Méditerranée ?
Invités :
- Pierre Servent, expert en stratégie militaire et auteur de "50 nuances de guerre"
- Louis Magloire Keumayou, Président du Club de l'information africaine et auteur de "Togo - Une démocratie en construction"
- Stéphanie Hartmann, journaliste spécialiste des questions de politique africaine
- Niagalé Bagayoko-Penone, politologue, spécialiste des politiques internationales de sécurité en Afrique de l’Ouest
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé