Ehpad : un scandale et des questions
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C’est un livre qui fait l’effet d’une bombe. Après trois ans d’enquête et plus de 250 entretiens, le journaliste d’investigation Victor Castanet publie ce mercredi "Les Fossoyeurs" chez Fayard, une enquête au cœur d'Orpea, le leader mondial du secteur de la dépendance, à la tête de 65 500 collaborateurs dans 23 pays, et 372 établissements en France, dont une grande majorité de maisons de retraite. Le journaliste y dénonce de graves défaillances dans les établissements du groupe : prise en charge médicale, soins, couches et alimentation rationnés pour améliorer la rentabilité, et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort, maltraitance des résidents et une gestion "contestable de l'argent public" qui devait être alloué au bénéfice des personnes âgées et qui n’est au final "pas utilisé à leur profit" a expliqué Victor Castanet au micro de France Inter.
Le journaliste assure également avoir subi des pressions pour que son livre ne sorte pas. "Il est arrivé à la moitié de mon enquête qu’un interlocuteur me propose une importante somme d’argent pour me dissuader d’aller au bout : 15 millions d’euros", a-t-il confié mardi soir sur le plateau de C à vous sur France 5.
Dans un communiqué, le groupe a contesté des accusations "mensongères, outrageantes et préjudiciables". Orpea a aussi affirmé avoir saisi ses avocats pour donner "toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire", au livre. Mais en deux jours, l’action du titre Orpea a dégringolé d’environ 30 % à la Bourse de Paris et l’affaire devient politique.
La ministre déléguée en charge de l’Autonomie a annoncé avoir convoqué "dans les plus brefs délais" le directeur général d’Orpea. "Je vais demander à l’administration une enquête flash et, avec Olivier Véran, on se réserve la possibilité d’une enquête indépendante", a expliqué Brigitte Bourguignon ce mercredi tandis qu’à l’Assemblée les députés socialistes demandent que les parlementaires puissent disposer d'un droit de visite "à l'improviste" dans les Ehpad, sur le modèle de ce qui se pratique pour les lieux de privation de liberté. Le chef de file des députés LR, Damien Abad, a lui souhaité la mise en œuvre d'États généraux de la dépendance alors que plusieurs élus de l’opposition ont dénoncé les "promesses non-tenues" d'Emmanuel Macron sur le sujet.
Le chef de l’État avait promis en 2018 une grande loi sur la dépendance des personnes âgées, avant que ce projet ne soit remisé dans les cartons. Dans le cadre du budget 2022 de la Sécurité sociale, une cinquième branche dédiée à la perte d’autonomie a été créée. Mais à ce stade celle-ci acte avant tout une réorganisation, pas une augmentation des moyens alloués à la dépendance. Les besoins financiers sont pourtant grands, évalués par le président du Haut Conseil du financement de la protection sociale Dominique Libault à 6,2 milliards d'euros supplémentaires en 2024, 9,2 milliards en 2030, le nombre de personnes âgées allant croissant. Une problématique qui concerne également l’ensemble des pays de l’Union européenne. D'ici à 2030, on estime en effet qu'environ 25% de la population Européenne aura plus de 60 ans, et 7% aura plus de 80 ans.
Alors que se passe-t-il dans les Ehpad ? Comment sont-ils financés ? La France et l’Europe se préparent-elles bien au vieillissement de la population ?
Invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Patrick Pelloux, médecin urgentiste au SAMU de Paris, président de l'AMUF
- Sophie Aurenche, rédactrice en chef - RTL
- Isabelle De Gaulmyn, rédactrice en chef - La Croix
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé