Biélorussie : "L’attaque migratoire" contre l’Europe
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L’Europe regarde vers l’Est. C’est là, sur quelques kilomètres de frontière entre la Pologne et la Biélorussie, qu’a lieu depuis plusieurs jours une crise migratoire, nouvel épisode du bras de fer que le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko livre à l'Union européenne.
Pour faire pression sur Bruxelles, ce dernier a en effet choisi l’arme de l'immigration. Résultat : la Pologne fait actuellement face à de nouvelles arrivées de milliers d'exilés qui tentent de forcer sa frontière.
L’Europe accuse le dictateur biélorusse d’avoir fait venir dans son pays ces exilés du Moyen-Orient, d'Afrique de l'Est ou du Caucase, en leur octroyant des visas touristiques et en les acheminant jusqu’à la frontière de Schengen. Ces migrants sont incités, voire même menacés de passer la frontière. Sur certaines vidéos, des hommes masqués et armés leur apportent une aide logistique et fournissent des outils. Plusieurs témoignages indiquent également que des gardes-frontières biélorusses ont tiré en l’air pour les obliger à avancer. Loukachenko se vengerait ainsi des sanctions européennes adoptées envers son pays pour dénoncer sa répression de l’opposition depuis sa très contestée réélection en 2020.
Européens et Biélorusses se rejettent la responsabilité de la crise et le ton monte. Mardi, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a accusé le président russe, Vladimir Poutine, principal allié de Minsk, d’être le "commanditaire" de cette vague migratoire. Des accusations qualifiées d’"irresponsables et inacceptables" par le Kremlin. Hier, le chef du gouvernement polonais est allé plus loin, accusant la Biélorussie de "terrorisme d’État".
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, appelle la Biélorussie à "cesser de jouer cyniquement avec la vie de milliers d'exilés" à des fins diplomatiques. L'UE va d’ailleurs étendre ses sanctions contre le régime Loukachenko. "Au début de la semaine prochaine, il y aura un élargissement des sanctions." Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur cette crise doit se tenir aujourd’hui.
Pour les migrants massés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, la situation est critique. Attirés-là et manipulés par les Biélorusses, ils survivent dans les forêts par un froid glacial. Ceux qui parviennent à passer la frontière sont repoussés, parfois avec des méthodes très violentes, par les forces de l’ordre polonaises. La population du pays de l’UE ne voit pas leur arrivée d'un très œil. Ces exilés sont donc en zone de non-droit, instrumentalisés, pris dans l'étau de ce bras de fer diplomatique.
Au-delà de la crise actuelle, plusieurs pays de l’Union européenne renforcent leurs frontières pour se protéger des vagues migratoires qu’ils anticipent. De longs et hauts murs sont ainsi de plus en plus souvent érigés. Les ministres de l’Intérieur de 12 pays (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne et République tchèque, Slovaquie) ont même écrit le 7 octobre à la Commission pour demander à l’UE de financer la construction de telles clôtures… En vain. Ursula von der Leyen a été claire, l'Union européenne ne financera pas "de barbelés et de murs" aux frontières pour empêcher les arrivées de migrants.
Que se passe-t-il vraiment à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie ?
Comment survivent ces exilés ?
Les murs vont-ils continuer à se dresser aux frontières de l’Europe ?
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international - "Le Journal du Dimanche"
- Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques)
- Laure Mandeville, grand reporter - "Le Figaro"
- Jean-Dominique Merchet, éditorialiste - "l’Opinion", spécialiste des questions de défense et diplomatie
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé