Numéro d'urgence : quand l'État ne répond plus
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La situation est-elle désormais stabilisée après la panne d’Orange sur les numéros d’urgence ? "Les choses sont rentrées dans l’ordre" a assuré, ce vendredi 4 juin, le Premier ministre Jean Castex après avoir présidé une nouvelle cellule interministérielle de crise concernant les dysfonctionnements qui ont empêché depuis mercredi pendant de longues heures l’accès aux numéros de secours dans toute la France.
Malheureusement "nous déplorons des victimes qui sont susceptibles d’avoir été causées par ce grave incident", a par ailleurs confirmé le chef du gouvernement, précisant qu’il y en aurait au moins "quatre" possibles, dont un enfant de deux ans en Vendée. Hier matin, la mère du petit garçon a tenté de joindre les secours pendant plus d’une heure, avant d’y parvenir en composant le numéro de substitution à 10 chiffres. Une enquête administrative a été ouverte pour tenter de comprendre si la mort de cet enfant aurait pu être évitée. Le parquet de Vannes a également ouvert une enquête après la mort d’un homme de 63 ans d’un arrêt cardiovasculaire aux urgences de l’hôpital de la préfecture du Morbihan. Souffrant d’une "maladie cardiovasculaire", il y avait été "conduit en voiture par sa conjointe au vu des difficultés constatées pour joindre les services de secours" a expliqué la préfecture.
"Il faudra établir très clairement la cause des faits qui se sont produits et surtout les moyens pour qu’ils ne se reproduisent plus", a insisté ce vendredi Jean Castex accompagné par le ministre de l’Intérieur qui avait dénoncé hier des "dysfonctionnements graves et inacceptables".
Selon l’opérateur Orange, c’est une défaillance informatique qui est l’origine de la panne. Six sites permettent d’acheminer les appels aux numéros d’urgence. Mais mercredi vers 16h30, un logiciel commun à tous ces sites serait tombé en panne. 20 % des appels d’urgence n’aboutiront plus. L’opérateur a ouvert une enquête interne. L’État a également diligenté une inspection pour tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé.
Du côté du SAMU, deux jours après la panne, la situation s’est fortement améliorée, mais on reste vigilant. "Il faut rester prudent. Les numéros alternatifs ont marché de manière plutôt satisfaisante", mais "nous n’avons jamais connu une panne comme ça" a expliqué François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France qui voit dans cet épisode extrême "tout l’intérêt d’avoir plusieurs plates-formes". "Cet incident était prévisible", a déploré pour sa part le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France sur France info. "Depuis de nombreuses années, nous insistons sur le fait qu'avec la multiplication des opérateurs, la libéralisation des télécommunications, nos systèmes ne sont pas sécurisés" et "pas dimensionnés à la hauteur de ce qu'on souhaite (…) On a libéralisé les télécoms, nous n'avons plus d'opérateurs d'État unique, et on n'a absolument pas géré le fait qu'en cas d'incident, il nous fallait un système de secours. Ce système de secours n'existe pas aujourd'hui, donc il va falloir investir" a-t-il affirmé, pointant l'État qui n'a pas pris "ses responsabilités".
Que s’est-il passé mercredi ? Pourquoi les numéros d’urgence ne répondaient-ils pas ? Comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas ? Depuis quarante-huit heures, cette panne soulève de nombreuses questions et interrogations, notamment sur la délégation des missions de services publics aux entreprises privés. Autres points soulevés par ce grave incident : notre dépendance aux nouvelles technologies et l’état du réseaux français. Depuis des mois les critiques sur l’entretien des réseaux, notamment celui en cuivre dédié au téléphone et à l’ADSL, fusent. Par ailleurs les zones blanches, ces endroits en France où l'accès à Internet et le réseau téléphonique est quasi inexistant, sont plus étendues que ce que suggèrent les cartes des opérateurs. Alors à quand la fin des zones blanches promise par le président Emmanuel Macron ?
Invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’institut de Haute Finance
- Christine Kerdellant, directrice de la rédaction de L'Usine nouvelle
- Elsa Benbaron, journaliste spécialiste des questions numériques au Figaro
- Jean Viard, sociologue et auteur de "La révolution que l’on attendait est arrivée"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé