Notre-Dame : le chantier de tous les défis

C dans l'air

C’est le chantier du siècle. Deux ans jour pour jour après l’incendie qui a ravagé la toiture et fait tomber la flèche de Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron s’est rendu jeudi sur l'impressionnant chantier de reconstruction de la cathédrale. L’occasion pour le chef de l’État de souligner "l'immense travail accompli". À travers ce symbole, le président de la République tient à souligner la résilience de tout un pays, en écho à la lutte face à la pandémie. "C'est un message de fierté collective parce qu'on a beaucoup fait en deux ans et on a évité le pire", a-t-il assuré.   Deux ans plus tôt, le 15 avril 2019, l’émoi était planétaire. L’événement était à la Une des médias du monde entier. Car plus encore qu’un édifice millénaire, c’est un mythe qui s’embrasait. Celui né du roman de l’écrivain Victor Hugo, paru pour la première fois en 1831. L’œuvre, adaptée dix fois au cinéma, cinq à la télévision, ainsi qu’en comédie musicale à succès, a en effet donné à l’édifice une renommée internationale. La cathédrale était ainsi, avant la pandémie, le monument le plus visité de la capitale avec plus de douze millions de visiteurs par an… plus que la tour Eiffel ou le musée du Louvre.   De quoi expliquer l’élan de générosité sans précédent et sans frontières soulevé dès le lendemain de cette catastrophe. Sur un total de 833 millions d'euros de dons, 70 millions d'euros de dons et de promesses viennent en effet de l'étranger (150 pays), dont la moitié des seuls États-Unis. Ce ne sont pas moins de 340 000 donateurs du monde entier qui ont participé. De quoi soulever de nombreuses questions, notamment celle du financement de la sauvegarde du patrimoine religieux en France. Selon l'Office du Patrimoine Religieux, pas moins de 5 000 édifices religieux seraient actuellement en péril. De manière plus générale, l’entretien du patrimoine français coûte cher et une source de recettes pour s’en acquitter a fondu en 2020.   La crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 a en effet donné un très brutal coup d'arrêt à l’industrie du tourisme. À Paris et en Ile-de-France, on a compté plus de 33 millions de touristes en moins l’année dernière, privant la région de 15,5 milliards d'euros de recettes, selon les chiffres communiqués lundi 12 avril par le Comité régional du tourisme de Paris Île-de-France. Les musées et monuments parisiens ont été très touchés. La baisse de fréquentation pour 2020 est de près de -72% pour le musée du Louvre, -76% pour le musée d'Orsay ou encore -81% pour la Sainte Chapelle. En Île-de-France, la situation est aussi grave avec -75% de fréquentation pour le Domaine de Versailles, -70% pour le château de Fontainebleau ou encore -69% pour la Basilique Saint-Denis.   La date de réouverture au public de la cathédrale Notre-Dame de Paris fixée par Emmanuel Macron à 2024 pourra-t-elle être respectée ? Comment s’assurer que les nombreux dons pour sa reconstruction seront bien utilisés ? Comment financer l’entretien du patrimoine français si les recettes liées au tourisme devaient continuer à manquer ces prochaines années ?       Invités :      - Jean-François Colosimo, historien des religions   - Marie-Amélie Tek, architecte du patrimoine et autrice de "Notre-Dame à cœur ouvert"   - Christophe Barbier, éditorialiste politique