Inde : le cauchemar et le variant
C dans l'air- 1 h 5 min
- indisponible
- tous publics
Du même programme
- C dans l'air C dans l'air Les Jeux polémiques de Paris 2024 diffusé le 18/05 | 1 h 4 min
- C dans l'air C dans l'air Spécial Iran diffusé le 26/05 | 2 h 17 min
- C dans l'air C dans l'air Edition spéciale Etats-Unis diffusé le 13/10 | 2 h 20 min
- C dans l'air plus que 1j C dans l'air Communes : le retour de la taxe d'habitation ? diffusé le 23/10 | 1 h 5 min
Alors que le gouvernement envisage un déconfinement très progressif et territorialisé à partir de la mi-mai en France, l’épidémie demeure à un niveau très élevé et les autorités sanitaires regardent de très près ce qu’il se passe en Inde. Après une première vague dont le pic est survenu fin septembre 2020, le pays, premier producteur de vaccins et de médicaments, a connu une période d’accalmie et a retrouvé sa vie bouillonnante. Mais depuis quelques semaines, le nombre des contaminations explose. Quelque 273 810 cas de Covid-19 ont été détectés en 24 heures, le variant indien se propage à toute allure dans le pays et la situation devient intenable.
Dans l’État de New Delhi, des dizaines de milliers d’Indiens tentent à tout prix de rejoindre leurs États d’origine, craignant que le confinement mis en place lundi pour une semaine ne dure plus longtemps. Dans les hôpitaux, les services sont débordés. Ils manquent d’oxygène et de médicaments pour prendre en charge des malades de plus en plus jeunes. Selon le chef du gouvernement local, 65 % des nouveaux patients ont moins de 45 ans.
Une situation qui alarme aussi les soignants. "La nouvelle mutation semble toucher le plus fortement les personnes âgées de 15 à 45 ans. Je n’ai jamais vu de patients pédiatriques avant, maintenant je vois des enfants âgés de 10, 12 ou 14 ans être affectés par la Covid", explique le docteur Souradipta Chandra, médecin généraliste dans le laboratoire d’analyses Helvetia de New Delhi. "Ils ont des symptômes. Je n’ai pas encore vu de cas graves, et je suppose que les cas graves iront plutôt chez un pédiatre. Mais j’ai été informé de cas d’enfants qui ont eu de fortes fièvres." Dans le plus grand hôpital Covid-19 de New Delhi, huit enfants de moins de 12 ans sont admis en ce moment, dont un a seulement 8 mois.
Face à l’explosion et au rajeunissement des cas, les autorités indiennes ont décidé d’élargir la vaccination à toutes les personnes âgées de plus de 18 ans à partir du 1er mai. Mais l'ambition du pays de vacciner l'ensemble de sa population se heurte notamment à l'insuffisance des stocks. Seules 117 millions de doses ont été administrées jusqu'à présent et les réserves diminuent, selon des autorités locales.
Apparu en octobre 2020 près de Nagpur dans le centre du pays, le variant indien inquiète également le monde entier. Le Royaume-Uni vient d’interdire les voyageurs en provenance d’Inde, à l’exception de ses résidents soumis à dix jours d’isolement. En France, le gouvernement réfléchit pour sa part à mettre en place des restrictions. "Si nous devons prendre une mesure sur l’Inde, nous la prendrons", a ainsi affirmé Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes sur Franceinfo. Parallèlement, il a indiqué que la nouvelle quarantaine renforcée de dix jours qui devait s’appliquer à partir d’aujourd’hui pour les passagers en provenance d’Argentine, du Chili et d’Afrique du Sud afin de contenir les variants brésilien et sud-africain ne le serait finalement qu’à partir de samedi.
De son côté, le Conseil scientifique a appelé dans son dernier avis à la plus grande vigilance face au variant brésilien, déjà très présent en Guyane mais encore "marginal" dans l’Hexagone. Il souhaite un renforcement des mesures en Guyane et préconise "d'anticiper l'arrivée possible" de ce variant en France cet été, en mettant en place une limitation des vols, avec à l’arrivée des passagers un isolement strict (si possible dans un hôtel) et deux tests antigéniques ou PCR : le premier réalisé 24 heures après le retour et le second huit jours après. Le Conseil est partisan également de "précommandes de vaccins ciblés sur les variants qui pourraient être disponibles à l'automne, en particulier avec Moderna".
Pour l’heure, le gouvernement vient de lancer ses expérimentations d'un "pass sanitaire", qui pourrait préfigurer le dispositif attendu fin juin par Bruxelles pour "facilite" les voyages au sein de l'Union européenne. L'application mobile TousAntiCovid, déjà téléchargée par près de 15 millions de personnes, vient d’être mise à jour pour intégrer un "carnet" permettant de stocker la preuve d'un résultat de test valide (et négatif), qu'il soit antigénique ou PCR. L'application permettra également de stocker "un certificat de rétablissement de la Covid-19" et, à partir du 29 avril, l'attestation de vaccination. Testé d'abord sur certains vols reliant la métropole à la Corse (Air France et Air Corsica informeront leurs clients éligibles), puis dans les semaines à venir vers l'outre-mer, le dispositif pourrait être généralisé en juin aux voyageurs transfrontaliers après un feu vert de la Commission européenne.
Mais comment fonctionne l'application ? Que sait-on du variant indien ? Pourquoi inquiète-t-il les autorités ? Vols suspendus, quarantaine... Comment la France entend lutter contre la propagation des variants ?
Invités :
- Benjamin Davido, infectiologue - Directeur médical de crise, hôpital Raymond-Poincaré de Garches
- Florence Méréo, journaliste santé - Le Parisien
- Pr. Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, membre du Conseil scientifique
- Emmanuel Derville, correspondant en Inde et Asie - Le Figaro
- Pr. Antoine Flahault, épidémiologiste, auteur de “Covid, le bal masqué”
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé