Navalny peut-il faire tomber Poutine ?
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La sentence est tombée. Dix-sept jours après son retour en Russie et son interpellation à l’aéroport sous l’œil des caméras, l'opposant russe Alexeï Navalny a été condamné à trois ans et demi de prison, mardi, par un tribunal de Moscou. Il lui est reproché d’avoir enfreint son contrôle judiciaire dans une affaire remontant à 2014 alors qu’il était soigné en Allemagne pour un empoisonnement au novitchok, une arme chimique produit par l’État russe, et dont les enquêtes montrent qu’elle fut menée par des agents en service commandé.
Après l'annonce de cette condamnation, son avocate a indiqué qu'elle allait faire appel, ouvrant la voie à un nouveau procès, et ses partisans sont immédiatement descendus dans les rues. Selon une ONG spécialisée dans le suivi des protestations, plus de 1 050 personnes ont été interpellées lors de ces rassemblements spontanés, principalement à Moscou. Plusieurs pays ont également rapidement réagi à cette condamnation et à la répression qui en a découlé. "Un désaccord politique n’est jamais un crime. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables", a, par exemple, jugé Emmanuel Macron sur Twitter.
Mais avec cette décision de justice très politique, le Kremlin oppose une fin de non-recevoir aux dizaines de milliers de manifestants qui ont bravé les interdictions ces deux derniers week-ends un peu partout dans le pays, et peu importe que dans les chancelleries occidentales on dénonce une dérive autoritaire, une remise en cause "insupportable" de l’État de droit. Pour écarter celui qui s’est désormais imposé comme son opposant numéro un, Vladimir Poutine a choisi d’aller au bout de sa logique répressive et de mater cette contestation, par les arrestations, les condamnations et la censure des réseaux sociaux. Au risque d’accroître les mécontentements alors que sa côte de popularité s’effrite depuis plusieurs mois sur fond de crise sanitaire et de dégradation de la situation économique du pays ( baisse des salaires et des retraites, hausse des prix des denrées alimentaires notamment du blé…)
Dans ce contexte, le chef du Kremlin semble néanmoins prêt à payer le prix d’une détérioration supplémentaire de ses relations avec les Occidentaux. Celles-ci ne se sont jamais remises de la crise ukrainienne, en particulier de l’annexion de la Crimée en 2014, et des sanctions qui s’en sont suivies. Mais aujourd’hui l'Europe, qui a menacé le Russie de prendre de nouvelles sanctions, réfléchit à la meilleure réponse à apporter. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell est ainsi attendu jeudi à Moscou, où il entend dénoncer le traitement "inacceptable" infligé à Alexeï Navalny. Pour autant, il n'est pas question d'utiliser le projet du gazoduc Nord Stream 2 pour faire pression comme l’avait laissé entendre lundi le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune avant que le porte-parole d'Angela Merkel ne le recadre : l’Allemagne, destinataire du gaz russe, continue à soutenir le projet énergétique et refuse de le lier à la mise en détention d'Alexei Navalny.
Alors que peut faire l’Europe ? Pourquoi le gazoduc Nord Stream 2 est aujourd'hui au cœur des débats ? Est-ce un levier que l’administration Biden pourrait décider d'actionner ? Enfin quelle est la situation économique de la Russie ? Les soutiens de Navalny ont-ils fragilisé Vladimir Poutine ?
Invités
- François Clemenceau, rédacteur en chef au Journal du dimanche en charge de l'actualité internationale
- Frédéric Encel, géopolitogue
- Benoît Vitkine, journaliste-correspondant à Moscou Le Monde
- Clémentine Fauconnier, politologue, spécialiste de la Russie
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé