Vaccin français : un échec et des questions
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Alors que les vaccins américains Pfizer-BioNTech et Moderna sont déjà sur le marché, et que le suédo-britannique AstraZeneca espère obtenir son autorisation à la fin du mois, les deux vaccins de Sanofi - l'un dit à protéine recombinante ; l'autre à ARN messager - ne sont eux attendus que pour fin 2021. Le plus avancé, celui à base de protéine recombinante, dont l’Union européenne a commandé 200 millions de doses, aurait dû être disponible à la fin du printemps sans une erreur de sous-dosage de l’antigène du vaccin. Autant dire un fâcheux contretemps qui apparaît aujourd’hui comme une éternité à l’heure où la demande mondiale n'en finit pas de croître et qu’"une course contre la montre" est engagée entre les variants et les vaccins selon les mots du Haut conseil scientifique.
Alors pourquoi le leader mondial des ventes de vaccins pédiatriques et grippaux et numéro trois tous vaccins confondus a-t-il raté son sprint ?
Que se passe-t-il chez Sanofi ?
Le groupe pharmaceutique français, déjà en retard dans la course au vaccin anti-Covid, vient d’annoncer aux syndicats qu’il allait supprimer 400 postes de recherche et développement. Que signifie cette décision ? Enfin qu'en sera-t-il de la course de fond pour produire les vaccins contre le Covid-19 ? Car, il faudra sept milliards de doses à raison de deux doses par personnes pour immuniser la population mondiale.
En attendant de pouvoir produire son propre vaccin qui se fait attendre, le gouvernement a pressé le géant français de mettre à disposition ses lignes de production pour faire face à l'immensité de la demande. "Nous leur avons demandé s'ils n'avaient pas des capacités mobilisables pour booster la fabrication des vaccins existants", a expliqué Agnès Pannier-Runacher, la ministre en charge de l'Industrie. "Nous regardons, mais ça prend du temps de changer des lignes", explique-t-on du côté de chez Sanofi. Autre problème - peut-être plus profond, pointé par un expert du secteur : "c'est techniquement faisable, mais cela pose un problème de brevet important, alors que Sanofi développe sa propre solution de vaccin à ARN messager".
Pour l’heure seuls les laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna sont parvenus à développer un vaccin anti-Covid avec cette technique de l’ARN messager. Deux biotechs qui en quelques mois ont réussi à doubler les géants pharmaceutiques, dont l’une Moderna est dirigée par un Français : Stéphane Bancel. Originaire de Marseille, cet ingénieur diplômé en génie chimique et biomoléculaire à l’École Centrale de Paris et d’un MBA à Harvard, est passé par l’entreprise pharmaceutique bioMérieux avant de prendre en 2011 les commandes du groupe américain. Il a décidé de miser sur les biotechnologies et, en seulement dix ans, a réussi à placer Moderna à la tête de la course au vaccin contre le Covid-19.
Une success story que va peut-être connaître la biotech française Abivax qui vient de remporter une victoire dans sa lutte contre le Covid-19. Son traitement destiné aux patients à hauts risques de complication vient d’être érigé par le gouvernement au rang de "priorité nationale de recherche". Ce qui va favoriser le recrutement des patients pour ces essais cliniques désormais qualifiés de prioritaires, ainsi que l’accès à une procédure d’examen et d’autorisation accélérée auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et du comité de protection des personnes (CPP).
Invités :
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction - Les Echos
- Aurore Gorius, journaliste pour le site d’information les Jours.fr
- Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm, ancienne directrice adjointe à l'OMS
- Elie Cohen, économiste-chercheur au CNRS
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé