Brexit : Alors Boris, tu veux ou tu veux pas ?
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Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se retrouvent ce mercredi à Bruxelles pour tenter de débloquer les négociations post-Brexit.
Cette rencontre au sommet intervient à trois semaines de la rupture définitive entre Londres et l'Union européenne après des mois de pourparlers sur les sujets qui fâchent et la menace accrue d'un no-deal avec des conséquences économiques importantes pour les deux parties. Car si depuis mars les discussions ont avancé sur plusieurs points, Britanniques et Européens achoppent toujours sur les trois mêmes sujets : l’accès aux eaux britanniques que les Européens souhaitent garder, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées par l'UE (que Londres refuse) en matière de concurrence en échange d'un accès sans droits de douanes ni quotas au marché du continent.
Des points de blocage qui sont toujours l’objet d’un bras de fer intense et laissent entrevoir la possibilité d’un départ sans accord. D’autant que dans cette phase finale des discussions, le Royaume-Uni continue de souffler le chaud et le froid. Ainsi après avoir brandi la menace d’un retour des frontières avec l’Irlande du Nord envers et contre l’accord conclu en janvier avec les Européens, ce dernier a rétropédalé. Mardi 8 décembre 2020, les deux partis ont convenu d’un “accord de principe” sur les dispositions douanières spécifiques à l’Irlande du Nord, censées éviter le retour d'une frontière avec la République d'Irlande. La nouvelle a soulagé l'Irlande, en première ligne du choc qui s'annonce le 31 décembre prochain à la fin de la période de transition quand le Royaume-Uni va sortir du marché unique et de l'union douanière.
Dublin a exprimé l'espoir que "l'élan va se poursuivre dans les négociations" en cours. De son coté, Boris Johnson a jugé, ce mercredi, qu’il était encore possible d’arriver à un "bon accord" commercial post-Brexit avec l’Union européenne malgré des exigences de Bruxelles en l’état qu'"aucun Premier ministre ne devrait accepter".
La rencontre de ce soir se déroulera à la veille d'un sommet des Vingt-Sept où quel que soit son résultat, le Brexit sera au cœur des échanges. Les États membres ont dit espérer un accord mais pas "à n'importe quel prix" et la France a averti qu'elle n'hésiterait pas à y mettre son veto si ses pêcheurs étaient sacrifiés.
Alors en cas d'échec, que se passerait-il ? Si au 1er janvier le Royaume-Uni divorce de l’Europe sans accord, cela induirait tout d’abord le retour de droits de douanes avec des échanges commerciaux régis par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
À très court terme, au vu du retour de contrôle aux frontières, cela induirait également des embouteillages au niveau du tunnel sous la Manche et des embarquements des bateaux. De longues files d’attente que l’on observe déjà à Calais depuis plusieurs semaines et qui exaspèrent riverains et professionnels des transports. Selon la préfecture, plus de 8000 camions franchissent aujourd'hui la Manche chaque jour dans chaque sens, contre 6000 en moyenne habituellement. Une augmentation du trafic qui s’expliquerait par le fait que les Britanniques seraient en train de remplir leurs stocks comme jamais par crainte des droits qui risquent d'être imposés à partir du 1er janvier.
Sans accord, le Royaume-Uni sortirait également des négociations annuelles de l’UE sur la pêche et pourrait interdire l’accès à ses eaux aux bateaux européens. Par ailleurs, pour nombre de politologues, avec un Brexit dans ces conditions, la problématique de la frontière irlandaise ne manquerait pas de revenir dans les débats.
Invités :
- Anne-Elisabeth Moutet, journaliste The Daily Telegraph
- Catherine Mathieu, économiste à l’OFCE, spécialiste du Royaume-Uni et des questions européennes
- Philip Turle, éditorialiste en politique internationale à France 24
- Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman et de l’ILERI