Darmanin : coup de pression
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Le très critiqué ministre de l'Intérieur n'en finit plus de faire parler de lui, au point de susciter un malaise au sein de la majorité. Selon le Figaro, des proches du chef de l'État commenceraient d’ailleurs à le mettre en garde. "Darmanin devient un problème". "Fais attention à ce que la loi ‘sécurité globale’ et l’article 24 ne deviennent pas ta déchéance de nationalité", l'auraient alerté des collaborateurs, cités par le quotidien.
Car c'est bien la loi "sécurité globale" et surtout son article 24, qui prévoit de pénaliser d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende la diffusion de "l’image du visage ou tout autre élément d’identification" pouvant "porter manifestement atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’un policier ou d’un gendarme", qui posent problème. Outre une large partie des journalistes craignant que cette disposition porte atteinte au libre exercice de leur métier, celle-ci se trouve en butte à l'opposition de la gauche, d'institutions internationales, du Défenseur des droits mais aussi d’élus de la majorité qui pointent une atteinte à la liberté d'informer et à la liberté d’expression.
Après des jours de polémiques et dans un climat de fortes tensions, la proposition de loi a été adoptée mardi à l’Assemblée nationale par 388 voix pour et 104 contre. Mais ses détracteurs restent inquiets, et les images de l’évacuation violente d’un campement de migrants à Paris lundi soir ont ravivé les critiques à l’égard du texte. Ces captations montrent des policiers déloger et frapper des migrants installés place de la République à Paris, et molester des journalistes. Des images qui ont été unanimement condamnées, même par le ministre de l’Intérieur qui les a qualifiées le soir même sur Twitter de "choquantes".
"Gérald Darmanin est en train de se rendre compte qu'ils ont enfanté un monstre. Il est temps de faire machine arrière et d'abroger l’article 24", a lancé Jean-Luc Mélenchon, le président du groupe France Insoumise. "Cet événement prouve que filmer des interventions des forces permet de faire émerger la vérité. Cette liberté doit être absolument préservée", a estimé de son côté Nathalie Sarles, députée LREM de la Loire, qui s’est abstenue de voter le texte à cause de l’article 24 et de ceux sur la vidéosurveillance et les drones. Au total, 10 députés LREM ont voté contre le texte, et 30 se sont abstenus. Du côté du MoDem, allié de la majorité, 5 élus ont voté contre et 18 se sont abstenus. En revanche, la droite et l’extrême droite ont, elles, défendu le texte, ou proposé de le durcir. Jean-Christophe Lagarde, du groupe UDI, a notamment proposé un floutage de toutes les images. La patronne du Rassemblement National Marine Le Pen a, pour sa part, regretté que "cette protection ne soit pas étendue aux militaires". Elle a aussi demandé sur Twitter : "A quoi sert de faire voter une loi pour protéger les policiers, si c’est pour les désavouer collectivement au moindre incident ou à la moindre provocation d’extrême gauche ?"
Le ministre de l’Intérieur, qui avait demandé "un rapport circonstancié" sur l’opération menée lundi soir à Paris, a renouvelé hier "sa confiance au préfet de Paris". "Cette évacuation était totalement légitime", a insisté le ministre, mais elle "ne s’est pas bien déroulée parce qu’il y a eu des gestes inappropriés que je trouve inacceptables". L’IGPN a été saisie. Le ministre de l’Intérieur a également demandé, après un nouveau scandale révélé par le média Loopsider, ce jeudi, la suspension des policiers impliqués dans le tabassage d'un producteur de musique samedi à Paris, dont la vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux. Ces policiers font par ailleurs l'objet d'une enquête du parquet de Paris pour "violences" et "faux en écriture publique".
Depuis sa nomination place Beauvau, Gérald Darmanin a choisi d’adopter une ligne droitière ainsi que la méthode de Nicolas Sarkozy, son mentor, pour occuper le terrain. Une stratégie clivante, mais assumée pour séduire l'électorat de droite qui se cherche encore un chef. Car si les prétendants sont nombreux chez Les Républicains, aucun candidat naturel ne se distingue pour l'élection présidentielle de 2022. Alors chacun prend bien soin de s’assurer de la bienveillance de l’ex-chef de l’Etat. Même s'il comparait depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire dite "des écoutes téléphoniques", Nicolas Sarkozy reste une figure incontournable pour qui rêve d'Elysée à droite. Icône du peuple de droite, partenaire du pouvoir macronien, l’ancien président de la République est adulé par ses partisans, dont certains commencent même à penser qu’une troisième candidature serait une bonne idée.
Alors face aux violences policières, que va faire l’exécutif ? Gérald Darmanin est-il devenu un problème pour Emmanuel Macron ? Pourquoi Nicolas Sarkozy reste-t-il incontournable à droite ?
Invités :
- Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro
- Vanessa Schneider, grand reporter au Monde
- Ludovic Vigogne, journaliste politique à L’Opinion
- Bernard Sananès, politologue et président de l’Institut de sondages Elabe
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé