Vaccins : la course... sans les Français ?
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Et de trois. Après le géant pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech, puis l’institut de recherche russe Gamaleya la semaine dernière, c’est au tour de la biotech américaine Moderna de publier, lundi 16 novembre, des résultats intermédiaires sur l’efficacité de son candidat-vaccin, qui s’administre en deux injections. Avec des chiffres une fois encore impressionnants : Moderne annonce une efficacité à 94,5 % pour réduire le risque de contracter la Covid-19.
Ce résultat a été obtenu au cours des essais de phase 3, la dernière étape de tests cliniques avant la mise sur le marché. Cette étude, qui vise à mesurer l’efficacité et la sécurité du vaccin, a été réalisée sur plus de 30 000 participants aux États-Unis, dont 42 % sont "à risque" (personnes âgées de plus de 65 ans ou présentant un facteur de risque). La moitié d’entre eux a reçu deux doses de vaccin (la deuxième administrée vingt-huit jours après la première), l’autre des doses de placebo. Comme Pfizer avant elle, Moderna n’a pas pour l’instant publié ses résultats dans un article scientifique, mais dans un communiqué de presse. Les deux laboratoires ont également tous deux choisis une technologie nouvelle, jamais mise en production encore, basée sur l'ARN messager. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Et où en sont les vaccins français ?
A l’heure actuelle, il n'y a aucun Français parmi les 11 vaccins en phase 3, qui est celle des essais cliniques à grande échelle (plus de 10.000 personnes). Les vaccins de Sanofi, GSK et Merck-Pasteur sont eux aussi déjà testés sur l'homme, mais à plus petite échelle. Pour autant, le laboratoire Sanofi vient d’annoncer que le candidat-vaccin sur lequel il travaille pourrait être distribué "dès le mois de juin 2021". Les résultats des essais de phase 2 "sur plusieurs centaines de malades" devraient être rendus publics début décembre et ils ne sont pas "négatifs" pour le moment, a expliqué le président du groupe Olivier Bogillot.
Si ces résultats s'avèrent positifs, Sanofi va lancer les essais de phase 3 "sur plusieurs dizaines de milliers de patients" et prendre le "risque" de "lancer simultanément la production". Les résultats de la phase 3 devraient ensuite être publiés au mois de mai, a-t-il précisé.
Pourquoi assiste-t-on à ce décalage dans le temps ? Il faut chercher les raisons dans le contenu du vaccin. Dans le candidat-vaccin de Moderna et Pfizer, on trouve de l'ARN messager, avec un code génétique qui dit à nos cellules ce qu'il faut fabriquer et incite ainsi l'organisme à produire des défenses immunitaires contre le nouveau coronavirus quand il le rencontre. Cette technique innovante, dont les bases ont été posées il y a une vingtaine d'années seulement, est plus rapide à produire que de concevoir un vaccin à partir d'une protéine, comme le fait Sanofi, ou à partir d'un virus de la rougeole modifié, comme le fait l'Institut Pasteur. Deux autres technologies plus longues mais éprouvées depuis de longues années, avec du recul sur la réponse immunitaire et sur les effets secondaires.
Alors comment fonctionnent les différentes techniques utilisées pour mettre au point les vaccins ? Et à quelle date peut-on espérer disposer d’un vaccin ? Si habituellement une dizaine d’années sont nécessaires entre le moment où l’on commence à travailler sur un nouveau vaccin et le moment où celui-ci est disponible, l’urgence sanitaire de la situation a fait que ce délai a été très largement raccourci, sur fond de bataille à distance entre la Chine, les États-Unis et la Russie. Ainsi en Chine, une campagne de vaccination a déjà commencé. Aux États-Unis, les premières vaccinations contre la Covid-19 pourraient avoir lieu, en priorité sans doute sur les plus âgés et à risque, dès le mois de décembre. Quant à l'Europe, des responsables ont indiqué possible de commencer des vaccinations en janvier, sous réserve d'autorisation, et si les résultats à la fin de la phase 3 des essais sont convaincants.
Alors en attendant, des levées de fonds internationales ont été lancées par les États et de grosses fondations pour mettre en place le processus industriel de fabrication des vaccins. Parallèlement, les pays s’organisent pour être prêts à l’arrivée du vaccin et certains comme les États-Unis ou l’Allemagne dévoilent leur stratégie nationale de vaccination. De son côté, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé a prévenu lundi qu'un vaccin ne suffira pas à lui tout seul à vaincre la pandémie de Covid-19 et a exhorté les pays à ne pas prématurément mettre fin aux mesures qui permettent de contrôler l'expansion de l’épidémie, comme les tests, la quarantaine, le suivi des cas contacts, etc.
Invités :
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos
- Benjamin Davido, infectiologue, directeur de la médecine de crise à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches
- Antoine Flahaut, épidémiologiste, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève
- Alain Fischer, pédiatre immunologiste à l’hôpital Necker enfant malade, professeur honoraire au collège de France
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé