Reconfinement : verdict à 20 heures
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C’est donc ce soir à 20h qu’Emmanuel Macron dira quel sera son choix pour faire face à la seconde vague de la Covid-19. Devant l'aggravation accélérée de la crise sanitaire, l'exécutif travaille depuis quarante-huit heures sur des mesures de grande ampleur. L'hypothèse d'un reconfinement national de quatre semaines, un peu plus souple qu’au printemps, tenait la corde hier soir, à la veille d'un nouveau Conseil de défense qui s’est tenu ce mercredi matin à l'Elysée, le second de la semaine. Mais une chose semble acquise : les mesures restrictives qui seront prises concerneront l'ensemble du territoire français et non plus les seules régions où le virus circule le plus activement, comme cela a été le cas au moment de l'instauration du couvre-feu, puis de son extension la semaine dernière.
Aujourd'hui, 46 millions de Français sont concernés par ce couvre-feu, qui va de 21 heures à 6 heures. Mais il ne semble pas suffire. Depuis plusieurs jours, la quasi-totalité des départements sont en situation de "vulnérabilité élevée" selon Santé publique France et les chiffres s’affolent. La France a enregistré 523 morts de la Covid-19 ces dernières 24 heures, le pire bilan mortel journalier depuis le mois d'avril. On compte également une augmentation des hospitalisations alors que le taux d'occupation des services de réanimation dans les hôpitaux publics reste très élevé : 2 918 patients hier soir (+148 en 24h), soit la moitié de la capacité au niveau national. Signe de la saturation déjà effective dans certains hôpitaux, de nouveaux transferts de patients entre régions françaises ont été effectués ce mardi. Dix patients ont été transportés du Gard vers la région toulousaine et la Bretagne et huit patients d'Auvergne-Rhône-Alpes ont été transférés en région Pays de la Loire. Enfin le nombre de cas connaît, lui aussi, une inexorable ascension : 33 417 nouveaux diagnostics de Covid-19 ont été posés ces dernières 24 heures. Dimanche, la France avait battu un nouveau record avec plus de 52 000 cas positifs confirmés en 24 heures.
Face à la progression brutale de l'épidémie, l’exécutif semble encore pris de vitesse, poussé au choix le plus lourd, mais cette fois sans consensus politique. Le Premier ministre a reçu hier au ministère de la Santé les représentants des partis d’opposition, des syndicats et du patronat. Et on est loin de l’unité espérée. Car alors que les options – confinement le week-end, confinement national sans les écoles – fuitent dans la presse, l’exécutif est resté flou, à en croire la classe politique à la sortie. Jean Castex "nous a dit lui-même qu’il ne connaissait pas les mesures qu’annoncerait le président de la République". Cela donne un "sentiment d'improvisation, de panique et de manque d'anticipation" a déclaré le président du parti Les Républicains Christian Jacob. "Nous venons de vivre un voyage en absurdie. On nous réunit pour nous demander notre avis sur des mesures qu’on ne connaît pas" a lâché de son côté Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. "Cette réunion nous laisse sur un goût amer d’inachevé", "toutes les cartes n’ont pas été abattues" a réagi Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a en revanche clairement exposé la situation. Elle est "grave". "D’ici le 11 novembre nos hôpitaux seront saturés (…) si nous ne changeons pas complètement de politique pour limiter l’épidémie, donc il y a une urgence. A partir de là, la question est posée : faut-il un reconfinement généralisé, sectorisé ou partiel ?" s’est interrogé le numéro 1 du PCF, Fabien Roussel, qui n’a pas la réponse. A regarder les chiffres, "on est à quelques semaines du pic de la première vague", a estimé le secrétaire national d’EELV Julien Bayou pour qui la responsabilité de la situation revient clairement à l’exécutif. "On s’oriente tout droit vers des mesures drastiques rendues nécessaires par un défaut d’anticipation. On paie le fait que gouvernement n’a pas renforcé l’hôpital public, (…) que les masques n’étaient pas gratuits alors qu’ils étaient obligatoires, (…) qu’on n’ait pas incité les salariés au télétravail en septembre" dénonce l’écologiste. "Si le gouvernement prend des décisions difficiles, c’est d’abord le fruit de ses errements".
Depuis quinze jours, la brutalité de l’évolution de la situation sanitaire en France surprend, y compris les médecins, mais elle va dans le sens des multiples alertes du Conseil scientifique ces derniers mois. Alors le gouvernement l’a-t-il assez écouté ? Un reconfinement, sans doute, mais à quel point ? Les écoles doivent-elles fermer ? Et quid des commerces ?
Invités :
- Pr Djillali Annane - chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches
- Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde
- Soazig Quemener, rédactrice en chef du service politique de Marianne
- Richard Handschuh, médecin généraliste et membre du syndicat MG France