Couvre-feu, colères et perquisitions
C dans l'air- 1 h 4 min
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Plus de balades dans les rues ou de sorties le soir au restaurant, au cinéma, au théâtre et chez des amis. Rideau de 21h à 6h du matin. Voilà ce qui attend 20 millions de Français à partir de samedi et pour au moins quatre semaines. Le couvre-feu a été décrété par Emmanuel Macron hier soir lors de son intervention télévisée dans la région Ile-de-France et dans les métropoles de Lille, Rouen, Saint-Étienne, Toulouse, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille et Montpellier. Les déplacements y seront donc interdits entre 21h et 6 h sauf pour se rendre ou pour revenir du travail et pour les urgences. Les contrevenants s'exposeront à des amendes de 135 euros.
A tous les professionnels contraints à la fermeture anticipée, le chef de l’État a promis de nouvelles aides en plus du chômage partiel réactivé et du fond de solidarité élargi depuis le confinement. Douloureuse mais "pertinente", la méthode a fait ses preuves en Guyane pour freiner l’épidémie selon le chef de l’État qui vise entre 3000 et 4000 contaminations par jour à la Covid-19 alors qu’il y en a encore eu 22 000 hier et 200 hospitalisations en réanimation. "Nos urgences sont dans une situation plus préoccupante qu’en mars. Aujourd’hui, nos soignants sont très fatigués, à juste titre. Nous n’avons pas de lits en réserve, c’est pour cela que nous devons prendre des mesures" a expliqué Emmanuel Macron qui entend avec ce couvre-feu réduire les interactions sociales et les contacts privés qui favorisent l’explosion des contaminations, pour casser la dynamique des entrées en réanimation et circonscrire le risque d’engorgement dans les hôpitaux.
Réduire les interactions, c’est aussi intégrer "la règle des six" a expliqué le président. Six personnes, pas plus autour d'une table (hors membres d'un même foyer), comme dans la rue, a recommandé le chef de l’État. L'objectif, là encore, étant de limiter les contacts pour ralentir la propagation du virus. Emmanuel Macron a également rappelé la nécessité d’appliquer les gestes barrières et l’importance d’aérer régulièrement les fenêtres à son domicile ou au travail.
En revanche, à l'approche des vacances de la Toussaint, aucune restriction de déplacement entre régions n'a été décidée. Enfin si le télétravail était fortement encouragé au printemps lors du confinement, Emmanuel Macron a préconisé "deux à trois jours de télétravail par semaine" dans les entreprises où cela est possible, pour "réduire un peu la pression collective".
Au lendemain de ces annonces, le Premier ministre, Jean Castex, accompagné des ministres de la Santé, Olivier Véran, de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de l’Économie, Bruno Le Maire, et du Travail, Elisabeth Borne, doit détailler cet après-midi ces nouvelles mesures qui suscitent de très nombreuses réactions et critiques. A commencer par celles des fédérations professionnelles du secteur hôtellerie-cafés-restauration (HCR) mais aussi du monde de la culture.
Un exécutif qui doit également faire face ce jeudi à la justice. Des perquisitions ont été menées, ce matin, chez le ministre de la Santé Olivier Véran, le directeur général de la santé Jérôme Salomon, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn et l’ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Ces opérations s'inscrivent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte, en juillet, sur la gestion de la crise sanitaire pour "abstention de combattre un sinistre". Quelque 90 plaintes avaient été déposées et au moins neuf ont été considérées recevables.
De quoi s’agit-il concrètement ? Pourquoi ces perquisitions ? Sujet d’un vaste débat ce jeudi, le couvre-feu sera-t-il une parade efficace ? Cette stratégie est-elle la bonne ? Arrive-t-elle à temps ? L’Allemagne a elle aussi choisi ce moyen de mobiliser sa population. Mais pas selon le même tempo : l’alarme a été sonnée il y a huit jours, alors que le pays comptait 4 000 nouveaux cas par jour, et alors que les vacances viennent de débuter, des mesures ont été décidées pour restreindre fortement les déplacements dans le pays.
Invités :
- Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique de Paris Match
- Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde
- Nathalie Mauret, journaliste politique au bureau parisien du groupe Ebra
- Bertrand Guidet, professeur et chef du service de réanimation à l’hôpital Saint-Antoine à Paris
- Anne-Claude Cremieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l’Académie de Médecine
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé