"Séparatisme islamiste" : l'offensive de Macron
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Il se savait attendu sur le sujet. Après des mois de préparation et d'hésitations, un discours reporté à plusieurs reprises, Emmanuel Macron a présenté, ce vendredi matin aux Mureaux, son plan d’action contre le séparatisme religieux, principalement celui de l'islamisme radical. Le problème auquel est confrontée la société française n'est pas celui de la "laïcité" a expliqué le chef de l’État. "Ce à quoi nous devons nous attaquer, c'est le séparatisme islamiste", "un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République, qui se traduit souvent par la constitution d'une contre-société", a développé Emmanuel Macron.
Mais "ne nous laissons pas tomber dans le piège de l’amalgame tendu par les polémistes et les extrêmes qui consisterait à stigmatiser tous les musulmans", a aussi exhorté le président de République. Faisant le constat que "l’islam est une religion qui vit une crise aujourd’hui partout dans le monde (…) une crise profonde liée à des tensions entre des fondamentalismes, des projets religieux et politiques qui (…) conduisent à un durcissement très fort", Emmanuel Macron a aussi appelé à libérer "l’islam en France des influences étrangères".
Pour ce faire, le 9 décembre prochain sera présenté en Conseil des ministres un projet de texte de loi pour renforcer la laïcité et renforcer les principes républicains. Parmi les annonces notamment évoquées, on retrouve la fin du système de formation à l’étranger des imams de France qui devront être certifiés par le CFCM, le renforcement du contrôle du financement des mosquées, des associations qui devront signer une charte de la laïcité mais aussi des écoles hors contrat.
Le projet de loi prévoit également que l'obligation de neutralité applicable aux agents publics dans le cadre de leur action soit étendue aux salariés des entreprises délégataires comme par exemple dans les transports. Surtout l'instruction scolaire à domicile sera désormais "strictement limitée".
"Dès la rentrée 2021, l'instruction à l'école sera rendue obligatoire pour tous dès 3 ans. L'instruction à domicile sera strictement limitée, notamment aux impératifs de santé", a détaillé Emmanuel Macron. "Aujourd’hui, plus de 50 000 enfants suivent l’instruction à domicile, un chiffre qui augmente chaque année". Or, a-t-il souligné, "chaque semaine des recteurs et rectrices trouvent des cas d’enfants totalement hors système".
Le chef de l’État a également plaidé pour que l’on enseigne "davantage la langue arabe à l’école ou dans un périscolaire que nous maîtrisons car notre jeunesse est aussi riche de cette culture plurielle". L'État doit enfin "s'engager et soutenir ce qui doit, dans notre pays, permettre de faire émerger une meilleure compréhension de l'islam", a ajouté Emmanuel Macron en annonçant la création d'un "institut scientifique d'islamologie" et de "postes supplémentaires dans l'enseignement supérieur".
Sommé au début de son quinquennat de prononcer un discours sur la laïcité, le chef de l’État a plusieurs fois repoussé cette prise de parole avant de dévoiler en février dernier à Mulhouse des mesures pour lutter contre le "séparatisme". Un terme qu’il préfère employer à celui de "communautarisme". "Je ne suis pas à l’aise avec le mot de communautarisme", indiquait alors Emmanuel Macron, qui considère que l’appartenance à une communauté peut être "une forme d’identité en plus qui est compatible avec la République". Tandis que le séparatisme, "c’est quand au nom d’une religion ou d’une appartenance, on veut se séparer de la République, donc ne plus en respecter les lois et donc qu’on menace la possibilité de vivre ensemble".
De la neutralité du service public au financement des cultes, des écoles hors contrat à la loi de 1905 et à la lutte contre le terrorisme - "la forme ultime du séparatisme", selon des députés de la majorité -, le champ que recouvre ce nouveau concept est vaste, et les précisions du président étaient attendues avec impatience et circonspection, alors que le débat sur la laïcité est devenu inflammable, et que la droite et l’extrême droite l'attaquent pour son inaction à un an de la présidentielle.
Alors que retenir du discours d’Emmanuel Macron ? Qu’est-ce que le "séparatisme islamiste" ? Comment lutter contre l’islamisme radical dans certain territoire ?
Invités :
- Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction de l’Express
- Hakim El Karoui, essayiste – Auteur de “L’islam, une religion française“
- Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde - Auteure de “La communauté“
- Sophie Gherardi, directrice du Centre d'étude du fait religieux contemporain
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé