Covid : l’échec de Boris Johnson ?
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Touché tardivement par la pandémie, le Royaume-Uni est devenu le premier pays d’Europe à dépasser les 30 000 morts liés au Covid-19, ce qui en fait le deuxième le plus endeuillé dans le monde après les États-Unis. Selon les différentes agences régionales des statistiques britanniques, 32 313 personnes sont décédées du nouveau coronavirus. Mais le bilan actuel est probablement bien plus lourd car ces chiffres portent sur des décès jusqu'au 24 avril pour l'Angleterre (28 272), le Pays de Galles (1 376) et l'Irlande du Nord (393), et jusqu'au 26 avril pour l'Ecosse (2 272).
Sur la BBC, la semaine dernière, David King, conseiller scientifique du gouvernement de 2000 à 2007, a jugé l'ampleur de la mortalité "extraordinaire" : "Il y a toute une série d'actions à entreprendre pour gérer une pandémie de ce type, et pourtant il semble qu'elles aient été absentes ici".
Les autorités britanniques sont accusées d’avoir tardé à prendre la mesure des risques, n’anticipant pas les besoins en tests et en masques, et n’imposant un confinement de la population que le 23 mars. Les critiques se portent également sur un sous-financement chronique du NHS, le système de santé universel et gratuit bien-aimé des sujets de sa Majesté. L’ex-leader travailliste Jeremy Corbyn a dénoncé un système sanitaire "mal préparé" au raz-de-marée du coronavirus à cause d’une décennie d’austérité. "Des années de coupes sombres" qui se paient aujourd’hui, a fustigé de son côté l’association des directeurs de la santé publique (ADPH).
Selon l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Royaume-Uni compte 2,5 lits d’hospitalisation en moyenne pour 1 000 personnes, contre six pour 1 000 en France et huit pour 1 000 en Allemagne. Mais l’écart serait encore plus marqué pour les lits en unités de soins intensifs, où se joue la vie des malades les plus gravement atteints par le Covid-19 : le Royaume-Uni en compte moitié moins qu’en France et cinq fois moins qu’en Allemagne, selon Elias Mossialos, professeur de politique de santé à la London School of Economics.
Le Premier ministre Boris Johnson, lui-même hospitalisé une semaine à cause du Covid-19, après avoir déjà promis des milliards pendant la campagne des dernières législatives, assure désormais qu’il va donner "tout ce qu’il faudra" au NHS. Il s’est également voulu rassurant lors de sa première conférence de presse depuis qu’il s’est rétabli du coronavirus, estimant le 30 avril dernier que le "pic" de l’épidémie était passé.
Le nombre de morts diminue lentement, ce qui est "rassurant" a abondé hier Nick Stripe, analyste du Bureau national des statistiques britannique (ONS). Néanmoins "dans les maisons de retraite, la situation est encore plus dramatique que cela", a-t-il commenté. "Près de quatre fois plus de décès que ce à quoi nous nous attendions à cette période de l’année ont été enregistrés au cours de la semaine dernière, soit environ 280 % de décès de plus enregistrés dans les maisons de retraite que la moyenne de ces cinq dernières années, et ce nombre augmente".
Dans ce contexte, Boris Johnson a appelé les Britanniques à la patience face au confinement imposé depuis plus six semaines. Il a également estimé que le combat contre le coronavirus "exige le même esprit d'effort national" que pendant la Seconde Guerre mondiale. A l'heure où plusieurs pays européens ont commencé à relâcher un peu la pression, il devrait annoncer dimanche un assouplissement "très limité" du confinement.
Quelle est la situation au Royaume-Uni ? Comment le système public de santé britannique fonctionne-t-il ? Que pensent les Britanniques de leur Premier ministre ? Comment Boris Johnson prépare-il la sortie du confinement ? Alors que le déconfinement s’accélère en Europe, quels sont les premiers retours d’expérience ?
Invités :
- Philip Turle, journaliste britannique à France 24
- Anne-Elisabeth Moutet, éditorialiste au Daily Telegraph
- Pauline Schnapper, professeure de civilisation britannique contemporaine à l'université Sorbonne-Nouvelle
- Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et à l'INALCO et spécialiste des questions européennes
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé