Faillites, chômage : jusqu'où peut aller l'État ?
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Au fur et à mesure que les jours passent, la pandémie de Covid-19 plonge un peu plus la France dans une crise "violente", "globale", "durable" et le pays va sans doute connaître, en 2020, sa pire année de récession économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a déclaré hier le ministre de l’Économie.
"Le chiffre de croissance le plus mauvais qui ait été fait par la France depuis 1945, c’est en 2009 après la grande crise financière de 2008. Nous serons vraisemblablement très au-delà. C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés", a expliqué Bruno Le Maire lors d’une audition par la Commission des affaires économiques au Sénat.
Avec les mesures de confinement, l’activité économique tourne actuellement aux deux tiers de son niveau habituel à cette période de l’année a évalué l'Insee fin mars. L’Institut national de la statistique estime qu’un mois de confinement coûterait environ trois points de PIB à la France, et que deux mois amputeraient ce PIB de six points.
Débuté le 17 mars et prolongé jusqu’au 15 avril, il devrait néanmoins encore durer. Or pour de nombreuses entreprises, ces semaines d’inactivité ou de travail au ralenti, signifient une forte contraction des rentrées d’argent qui peuvent entrainer de gros problèmes de trésorerie. Déjà fragilisé, le distributeur de chaussures André vient d’annoncer son dépôt de bilan. Mais d’autres entreprises, déjà en situation difficile, pourraient se retrouver dans la même situation. L’assureur-crédit Coface a estimé lundi que les défaillances d’entreprises pourraient augmenter de 15 % en France cette année.
Cette situation pose la question du rôle de l’État et du périmètre des aides mises en œuvre pendant cette période de confinement et de mise à l’arrêt d’une grande partie de l’économie française.
Mettant en musique le "quoi qu’il en coûte" présidentiel, le gouvernement a mis des centaines de milliards d’euros sur la table en report de charges et d’impôts, mais aussi pour financer un chômage partiel massif (cinq millions de salariés), favoriser les prêts aux entreprises ou encore verser des aides aux plus petites d’entre elles.
Mais si les organisations patronales soutiennent globalement ce plan, de nombreuses filières demandent aussi l’annulation pure et simple de charges pour les entreprises trop en difficulté et posent la question du paiement des loyers. Un point sur lequel est revenu Agnès Pannier-Runacher ce mardi. La secrétaire d’État a indiqué que le gouvernement a décidé de bloquer "la possibilité d’expulser une entreprise qui ne paierait pas son loyer" et "de faire en sorte que pour les très petites entreprises il n’y ait pas de paiement de pénalités".
D’autre part, Bruno Le Maire a annoncé ce week-end que 300 milliards d’euros de prêts bancaires seraient garantis par l’État. 40 000 demandes auraient déjà été déposées par des entreprises en difficulté. Parmi elles, figurerait Air France-KLM. Avec seulement 5 % de ses vols encore assurés, la compagnie aérienne se préparerait à demander un prêt garanti par les États français et néerlandais d’un montant qui pourrait atteindre six milliards d’euros. Mais cette entreprise phare d'un secteur aérien particulièrement impacté par la crise du coronavirus pourrait être la première d’une liste de grandes sociétés qui pourrait inclure Renault et la SNCF. Le ministre de l’Économie qui entend éviter un "naufrage" n’a pas exclu "en dernier ressort, la nationalisation" pour aider les entreprises stratégiques.
Alors quel est l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie ? Plan de relance de 4000 milliards de dollars aux États-Unis, plan d’aide économique de 822 milliards d’euros en Allemagne, plan de sauvetage et nationalisations évoqués en France… Jusqu’où peut aller l’État ?
Invités :
- Christophe Barbier, éditorialiste à l’Express
- Sophie Fay, journaliste à l’Obs
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos
- Elie Cohen, économiste-Directeur de recherches au CNRS
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé