Syrie, migrants : l’offensive d’Erdogan
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Recep Tayyip Erdogan a finalement mis ses menaces à exécution. Après la mort, la semaine dernière, d’une trentaine de soldats au sein de l'armée turque, dans les combats qui l'opposent au régime syrien dans la région d'Idlib, la Turquie a lancé une nouvelle opération militaire en Syrie nommée "Bouclier de printemps". Depuis dimanche, trois avions du régime de Damas ont été abattus par les forces aériennes d'Ankara quand sur le terrain les affrontements s’intensifient entre soldats syriens et turcs. Une évolution rapide de la situation qui fait craindre à l'ONU une escalade militaire et un nouveau désastre humanitaire.
Depuis le retrait des Américains du nord de la Syrie, les troupes de Bachar, appuyées par les Russes, tentent de reprendre ce dernier bastion de résistance, pilonnant la province d’Idlib dès le mois de décembre. La Turquie y a déployé ses troupes en s'appuyant sur certains groupes rebelles, notamment djihadistes. Objectif ? Empêcher le régime de Damas de s’approcher de sa frontière et s'opposer à la création d'un vaste territoire sous contrôle kurde en créant une "zone de sécurité". Mais ces dernières semaines, le régime syrien, appuyées par les Russes, a conquis la moitié de la province et les combats s’intensifient chaque jour un peu plus. Cette offensive dans le nord-ouest a tué des centaines de civils et a déclenché un gigantesque exode. Près d’un million de civils ont pris la route de l’exil depuis décembre.
Se dirige-t-on inexorablement vers une catastrophe humanitaire ? La province d'Idlib sera-t-elle l’épicentre d'une nouvelle guerre entre la Turquie et la Russie ? Enfin jusqu’où peut aller le bras de fer entre la Turquie et l’Europe ? Décidé à mettre en place son corridor, Ankara a demandé l’appui des Occidentaux et a laissé entendre que la Turquie pourrait décider de cesser de faire le rempart de l’Union européenne, en brisant l’accord signé avec Bruxelles. "Depuis que nous avons ouvert nos frontières, le nombre de ceux qui se sont dirigés vers l’Europe a atteint les centaines de milliers. Bientôt, ce nombre s’exprimera en millions", a ainsi affirmé Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours lundi 2 mars. De son côté, la chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé "inacceptable" que la Turquie fasse pression sur l’UE "sur le dos des réfugiés". Pour tenter de débloquer la situation, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est ce mardi à Ankara. Pendant ce temps, le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et celui du Parlement, David Sassoli, doivent se rendre dans la ville grecque frontalière d’Orestiada. Les autorités locales y ont suspendu, pour un mois, l’enregistrement des demandes d’asile, sans base juridique solide, selon les Nations unies tandis que dans l’île de Lesbos la situation s’envenime.
Déjà excédée de devoir gérer seule les réfugiés, de plus en plus nombreux, cantonnés sur l’île depuis l’accord conclu entre l’UE et la Turquie en 2016, la population de Lesbos a décidé de "se faire justice elle-même". Depuis ce week-end, des manifestants en colère bloquent l’accès au camp de Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe où pas moins de 20 000 demandeurs d'asile attendent de savoir si l'Europe les acceptera sur son territoire ou s'ils seront renvoyés en Turquie. Une colère exploitée par les militants d’extrême droite d’Aube dorée qui ont notamment empêché ce dimanche, une embarcation de débarquer avec son bord une quarantaine de réfugiés, dont des bébés.
Invités :
• Pierre Servent, expert en stratégie militaire et auteur de "50 nuances de guerre".
• Hala Kodmani, journaliste à Libération.
• Ariane Bonzon, journaliste pour Slate.fr et auteur de "Turquie, l’heure de vérité".
• Frédéric Encel, géopolitologue, professeur de relations internationales.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé