Retraites : la crise de nerfs !
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Au lendemain d’une dixième journée interprofessionnelle de manifestations contre la réforme des retraites partout en France, l’examen du texte se poursuit à l’Assemblée nationale où une véritable guerre d'usure se joue entre la majorité et les oppositions. Invectives, suspensions de séance, rappels au règlement, sifflets… Les débats sont houleux et la tension à son comble dans les travées alors que les députés examinent depuis le début de la semaine le projet de loi sur les retraites. A gauche, les élus de la France insoumise et du Parti communiste, notamment, demandent le retrait ou l’organisation d’un référendum sur la réforme et assument leur obstruction au texte, qui leur est soumis en procédure accélérée.
Dans ce sens, l'opposition a décidé d'utiliser tous les moyens donnés par le règlement pour retarder les débats. Au total, plus de 42 000 amendements ont été déposés, ils devaient se réduire naturellement au cours des discussions, mais le président a décidé d'en supprimer 1 184. Un "fait inédit sous la Ve République" selon les députés communistes qui ont dénoncé une volonté "d'étouffer" leur "droit de parole". "Nous sommes le seul groupe à subir cette forme de maccarthysme ", a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, ciblant le président de l'Assemblée Richard Ferrand.
"Suspendez le débat jusqu'aux élections municipales", a réclamé de son côté hier François Ruffin, le député de La France insoumise de la Somme. Mais au contraire, la majorité veut une adoption du texte en première lecture avant le premier tour des élections municipales le 15 mars prochain et envisage de plus en plus de recourir au 49.3, l'adoption du texte sans débat à l'Assemblée nationale. Selon le secrétaire d’État Jean-Baptiste Djebbari, le gouvernement n’exclurait pas cette option, précisant ce vendredi qui sera décidée "en temps voulu".
Parallèlement, l’intersyndicale a appelé à une onzième journée de mobilisation le 31 mars prochain alors que les travaux des partenaires sociaux au sein de la conférence sur le financement des retraites s’enlisent. Le secrétaire général de Force ouvrière a vivement critiqué jeudi une conférence, qui va droit, selon lui, à un "naufrage", même si son organisation continuera d'y aller "pour surveiller" les discussions. De son côté, après un temps d’hésitation, la CGT a fait savoir, par communiqué, que la question de sa participation à un tel exercice sera posée "la semaine prochaine à ses instances dirigeantes", si le gouvernement ne donne pas suite à ses propositions.
Mise en place par l’exécutif à la suite d’une suggestion de la CFDT, la conférence sur financement des retraites associe les organisations d’employeurs et de salariés. Ils ont jusqu’à fin avril pour présenter une solution alternative à l’instauration d’un âge pivot de 64 ans, proposée en décembre par le Premier ministre, pour que les comptes du système de retraites soient dans le vert en 2027. Mais ils doivent pour cela suivre une feuille de route stricte. Le gouvernement exclut une hausse du coût du travail et une baisse des pensions. Mais les partenaires sociaux ne sont pas du tout d'accord sur le chiffre avancé par l’Etat du déficit cumulé entre 2018 et 2030, tout en s’opposant sur les mesures d’âge. Ainsi les organisations syndicales, qui dénoncent le carcan dans lequel l’exécutif enferme les discussions, seraient favorables à une solution consistant essentiellement à augmenter les cotisations et à piocher dans les réserves du système de retraite. Le Medef affirme, lui, qu’"au moins 90 % de l’effort financier doit porter sur une mesure d’âge".
Alors en quoi consiste cette conférence de financement ? Est-elle vouée à l'échec ? Le gouvernement peut-il utiliser le 49.3 pour faire passer la réforme des retraites ? A quel prix politique ?
Invités :
• Yves Threard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction du Figaro
• Pascal Perrineau, politologue
• Nathalie Saint Cricq, éditorialiste à France télévisions
• Elizabeth Pineau, journaliste politique à Reuters
Présenté par : Laurent Bazin