Affaire Griveaux : le Russe, l'étudiante et l'avocat
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L'artiste activiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo, au cœur du scandale des vidéos à caractère sexuel ayant poussé Benjamin Griveaux à renoncer à la mairie de Paris, sont présentés ce mardi à un juge d'instruction après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris. A cette occasion, Alexandra de Taddeo a été mise en examen pour "atteinte à l’intimité de la vie privée" et "diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel", pour son rôle dans la conservation, la transmission et la diffusion des vidéos intimes de l’ancien candidat LREM et ancien porte-parole du gouvernement. Elle est placée sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec son compagnon. Ce dernier va être entendu par le juge. L'avocat proche de Piotr Pavlenski Juan Branco a indiqué aujourd’hui que l’activiste russe est "prêt à en découdre" et que pour lui "il s’agit d’une procédure politique".
Ces développements font suite au dépôt, samedi, d’une plainte contre X de Benjamin Griveaux. Les enquêteurs vont désormais tenter de démêler les responsabilités des deux principaux suspects et d’établir d’éventuelles complicités dans la diffusion des vidéos sur Internet. Une question qui depuis le début de l’affaire est au cœur de l'enquête. Dès samedi, l'avocat de Benjamin Griveaux, Richard Malka, a mis les pieds dans le plat. "Clairement je ne crois pas du tout que [Piotr Pavlenski] ait agi tout seul. Qui a agi à ses côtés ? Je n'en sais strictement rien", s'était-il interrogé sur LCI, sans s'avancer davantage.
Mais au fil des jours, les suspicions vis-à-vis d'une intervention russe se sont immiscées dans l'affaire. Sans évoquer ce dossier, Emmanuel Macron avait estimé samedi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, que la Russie "allait continuer à essayer de déstabiliser" les démocraties occidentales. "Elle continuera d'être un acteur extrêmement agressif sur ce sujet dans les prochains mois et les prochaines années et dans toutes les élections, elle cherchera à avoir des stratégies de la sorte ou elle aura des acteurs qui le feront", avait assuré le président de la République, au lendemain de la chute de l'un des poids lourds de son mouvement et près de trois ans après avoir été lui-même la cible d'un piratage de grande ampleur, les "MacronLeaks".
De son côté, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a affirmé hier sur LCI que Piotr Pavlenski "avait sans doute été aidé" sans se risquer plus loin dans les hypothèses. Le secrétaire d’Etat au Numérique a lui indiqué n’avoir "aucune preuve ni aucun indice qui laisse penser que la Russie soit impliquée".
Pour le moment, si on ne connaît pas les raisons exactes qui ont poussé Piotr Pavlenski à diffuser sur la Toile les vidéos à caractère sexuel, la méthode utilisée pour faire tomber le candidat LREM ressemble à un "kompromat", en russe, un "dossier compromettant". A savoir une vidéo ou une photo, le plus souvent à caractère sexuel, que le pouvoir utilise pour faire chanter ou chuter des opposants. Généralisée pendant la Guerre froide par les services secrets russes, cette technique a été remise au goût du jour par Vladimir Poutine, avec une nouveauté : la diffusion des images à la télé.
Parmi les nombreuses victimes du kompromat russe ces dernières années, il y a notamment un Français : Yoann Barbereau qui était le patron de l'Alliance Française d'Irkoutsk, en Sibérie. En 2015, son ordinateur a été piraté et des documents personnels, notamment une photo sur laquelle il est torse nu à côté de sa fille de 5 ans, ont été diffusés sur Internet. La justice russe s'en est servie pour l’accuser d'être un pédophile. Le simulacre d'enquête qui a suivi l'a accablé. Placé sous bracelet électronique en attendant son procès, il est parvenu à s’enfuir en 2016. Il a été condamné par contumace à quinze ans de colonie pénitentiaire.
Que reproche la justice à Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo ? Qui est l’avocat Juan Branco proche du couple ? Comment interpréter les déclarations d'Emmanuel Macron sur les risques d’ingérence russe dans les prochaines élections ? Qu’est-ce qu’un kompromat ?
Invités :
• Alain Bauer, professeur de Criminologie – CNAM
• Ariane Chemin, écrivain, grand reporter au Monde
• Galia Ackerman, journaliste et spécialiste du monde russe et ex-soviétique.
• Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction du Figaro
Présenté par : Caroline Roux