Affaire Griveaux : la fin de la vie privée ?
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"Abomination", "boules puantes", "naufrage voyeuriste", "déballage délétère"… Le renoncement de Benjamin Griveaux à se présenter la mairie de Paris à la suite de la publication sur Internet de vidéos privées à caractère sexuel a déclenché depuis hier une avalanche de réactions. Dans une rare unanimité, la classe politique a apporté son soutien à l’élu LREM et a dit son "dégout" devant ces pratiques. Beaucoup se sont aussi inquiétés du cap franchi dans une "américanisation de la vie politique" et ont évoqué une "menace pour la démocratie".
Cette affaire marque-t-elle une rupture dans notre vie politique ? Pour la première fois en France, la publication de vidéos intimes sur Internet a un impact direct sur une campagne électorale. Au-delà du coup de théâtre dans la course à la mairie de Paris, cet évènement pose de nombreuses questions.
Aux Etats-Unis, plusieurs leaders politiques ont déjà été victimes de ce genre de révélations. L’histoire de Gary Hart, candidat démocrate à l’élection présidentielle de 1988, étant l’une des plus célèbres. Donné favori pour la Maison-Blanche, il avait été contraint de renoncer après avoir été pris en flagrant délit d'adultère.
En France aussi, les attaques sous la ceinture ont toujours existé en politique. On se souvient de l’affaire du garde du corps assassiné Markovic en 1968 qui avait sali le nom Georges Pompidou, quand les rumeurs, en général sur le sexe et l’argent, ont pollué de nombreuses campagnes locales ou nationales. Mais avec les réseaux sociaux, cette campagne entre dans l’ère du "tous les coups sont permis".
Pour le président LR du Sénat, Gérard Larcher, "il est grand temps de réguler les torrents de boue qui se déversent sur les réseaux sociaux". La diffusion des images doit "évidemment être poursuivie", a insisté de son côté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. La diffusion sur Internet de photos ou de vidéos sexuellement explicites d’une personne sans son accord est passible de deux ans de prison et 60 000 euros d'amende. L’avocat de Benjamin Griveaux a indiqué qu’il allait engager dans ce sens des poursuites contre toutes les personnes qui ont "violé la loi" en publiant ou en partageant sur les réseaux sociaux ces vidéos privées.
Insultes, moqueries, torrents de boue, diffamation…Abrités souvent derrière des surnoms, des internautes se défoulent contre les élus sur les réseaux, mais la violence dépasse aussi parfois la Toile. De plus en plus d'élus voient leur permanence dégradée et recouverte de tags. D'autres ont été agressés, insultés ou font l'objet de menaces.
Pourquoi cette multiplication des violences faites aux élus ? Benjamin Griveaux avait-il une autre issue que de renoncer à sa candidature ? Qui pourrait le remplacer dans la course à la mairie de Paris ? Y a-t-il une américanisation de la vie politique française ? Est-ce la fin de la vie privée en politique ?
Invités :
• Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro
• Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP
• Cécile Cornudet, éditorialiste politique aux Echos
• Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération
Présenté par : Laurent Bazin