Griveaux : fin de partie à l'heure des réseaux sociaux
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C'est un tournant dans la campagne des municipales et dans la vie politique française. Benjamin Griveaux, l’un des principaux candidats à la mairie de Paris, député de La République en Marche ! (LRM) de Paris et ancien porte-parole du gouvernement, a annoncé qu’il renonçait à se présenter, à la suite de la diffusion sur la Toile d'une vidéo à caractère sexuel. "Depuis plus d’un an ma famille et moi avons subi des propos diffamatoires, des mensonges, des attaques anonymes, la révélation de conversations privées dérobées ainsi que des menaces de mort. Ce torrent de boue m’a affecté mais il a surtout fait du mal à ceux que j’aime. Hier un nouveau stade a été franchi : un site et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée. Ma famille ne mérite pas cela, personne ne devrait subir une telle violence. En ce qui me concerne, je ne souhaite pas nous exposer davantage quand tous les coups sont désormais permis. Cela va trop loin. C’est pourquoi j’ai décidé de retirer ma candidature. Cette décision me coûte mais mes priorités sont très claires, c’est d’abord ma famille", a-t-il déclaré ce vendredi matin dans une courte allocution.
Peu après cette déclaration, le quotidien Libération a publié un article dans lequel l’artiste contestataire russe Piotr Pavlenski explique avoir mis en ligne les images très intimes, qu’il aurait obtenu d’une "source" "qui avait une relation consentie avec Benjamin Griveaux". L’activiste, réfugié politique en France depuis mai 2017, a dit avoir voulu ainsi "dénoncer l’hypocrisie" de l’élu LRM, "qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire". Il a par la suite prévenu sur BFM TV que "ce n'était qu'un début et qu'il y aurait d'autres vidéos".
L’avocat de Benjamin Griveaux a indiqué qu’il envisageait de porter plainte. "Il y a une violation caractérisée de la vie privée, en infraction au code civil comme au code pénal", a expliqué Richard Malka, interrogé par Le Monde. "On utilise la vie privée pour déstabiliser un homme, et le salir. La loi ne le permet pas". Le fait de diffuser une vidéo intime sans le consentement de ceux ou celles qui en font l'objet sont passibles d'une peine de 60 000 euros d'amende et deux ans de prison.
"Attaques immondes", "Torrent de boue", "Menace pour la démocratie"… L’affaire a provoqué une onde de choc dans l'ensemble des équipes de campagne - de droite comme de gauche - en lice pour le poste de maire de Paris mais aussi dans toute la classe politique. Depuis Le Havre, Édouard Philippe a exprimé "sa sympathie" envers Benjamin Griveaux. Puis le Premier ministre a publié un tweet dans lequel il adresse son total soutien à l'ancien candidat LREM : "Je pense à Benjamin Griveaux qui a pris une décision en conscience. Une décision difficile. À présent il est urgent de laisser l'homme et sa famille en paix." Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a également réagi vivement en dénonçant les "boules puantes" et une "campagne de bassesse".
Dans un tweet, le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a pour sa part condamné la publication "odieuse" "d'images intimes pour détruire un adversaire". "Non, tous les coups ne sont pas permis", a-t-il écrit dans ce message, ajoutant : "Insoumis, ne participez d'aucune façon au règlement de compte dont Benjamin Griveaux fait l'objet". Le député européen Raphael Glucksmann s'est lui aussi indigné de la tournure prise par les événements, qualifiant cette histoire de "profondément dégueulasse et inquiétante pour la suite. La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange".
Pour la première fois en France, une vidéo privée à caractère sexuel publiée sur un site internet a un impact direct sur une campagne électorale. Comment ces images ont-elles pu circuler sur la toile ? Quelles vont être les conséquences de cette affaire ? Qui pourrait remplacer Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris ?
Invités :
• Soazig Quemener, rédactrice en chef politique à Marianne.
• Bruno Jeudy, rédacteur en chef de Paris-Match.
• Bernard Sananes, président de l’institut de sondage Elabe.
• Raphaëlle Bacque, journaliste au Monde.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé