Violences policières : la fin d'un tabou
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L’exécutif change de ton. Face à l’accumulation, ces dernières semaines, des accusations de violences policières, Emmanuel Macron a appelé "nos policiers et nos gendarmes à la plus grande déontologie". "Il y a eu très clairement des images, il y a aujourd'hui des affaires dans lesquelles des comportements qui ne sont pas acceptables ont été vus ou pointés", a déclaré le chef de l’État, mardi en marge d'un déplacement à Pau, avant de demander au ministère de l’Intérieur "des propositions claires pour améliorer la déontologie" des forces de l’ordre.
Ces déclarations suivent celles du locataire de la place Beauvau qui a consacré lundi une bonne partie de ses vœux au "devoir d’exemplarité". "L’usage juste et proportionné de la force est ce qui sépare la démocratie de l’arbitraire, ce qui distingue l’ordre et la brutalité, c’est le fondement, aussi, de notre confiance avec les Français" a affirmé Christophe Castaner, avant d’ajouter : "c’est l’honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l’éthique, sauf à s’abaisser, à abaisser la police".
Des propos motivés par la diffusion de plusieurs vidéos ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, où l’on voit des forces de l’ordre s’en prendre à des manifestants contre la réforme des retraites. Celle d’un policier semblant tirer à bout portant au LBD sur un manifestant à Paris ou une autre montrant un policier faisant un croc-en-jambe à une manifestante à Toulouse ont notamment suscité un vif émoi. Ces événements – qui s’ajoutent à la mort de Cédric Chouviat, dans la nuit du 4 au 5 janvier à Paris d’une asphyxie avec fracture du larynx, à la suite d’un contrôle routier – viennent renforcer l’argumentaire de manifestants et de défenseurs des libertés publiques, qui dénoncent des "violences policières" depuis le mouvement des Gilets jaunes et la stratégie du maintien de l’ordre mise en œuvre à partir de décembre 2018. Deux armes en particulier sont pointées du doigt : le LBD et les grenades lacrymogènes à effet de souffle Gli-F4 (qui sont classifiées armes de guerre). Le Défenseur des droits Jacques Toubon en a demandé à plusieurs reprises leur suspension, en raison de leur "dangerosité".
Le débat monte également sur la technique du plaquage ventral. Cette technique d’immobilisation qui permet en théorie de maîtriser un individu agité ou dangereux avant de le menotter. Mais la manœuvre n’est pas sans risque. Avec les bras en arrière et le poids de plusieurs policiers sur le corps une personne interpellée risque d’étouffer. Mal réalisée, elle peut être mortelle. Le père de Cédric Chouviat et plusieurs associations de défense des droits de l'Homme réclament son interdiction.
Mais policiers et gendarmes peuvent-ils s’en passer ? Faut-il revoir la stratégie du maintien de l’ordre en France ? Après les déclarations du ministre de l’Intérieur, plusieurs syndicats de policiers ont fustigé un "lâchage" et rappelé le gouvernement à ses responsabilités. "On aurait aimé, lors de ses vœux, que le ministre pense aux policiers qui ont assuré la pérennité de ce gouvernement. Mais il préfère s’offrir un répit médiatique avant la campagne des municipales" a réagi Linda Kebbab déléguée nationale d’Unité SGP Police-Fo, syndicat majoritaire. "Le maintien de l’ordre n’est pas une science exacte" admet de son côté Philippe Capon, le Secrétaire général de l’Unsa police. Mais il faut reconnaitre, dit-il, que "les policiers sont suremployés depuis un an de mobilisations". "Cela fait depuis mai qu’on nous promet un nouveau schéma national du maintien de l’ordre, et on est en janvier". Enfin si le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale juge le ministre "dans son rôle quand il rappelle les règles", il s’interroge : "si certains gestes posent problèmes, pourquoi le ministre ne prendrait-il pas des mesures administratives contre les agents en cause ?"
Invités :
• Alain Bauer, professeur de criminologie.
• Nicolas Chapuis, Grand reporter pour Le Monde, spécialiste police-justice.
• Ivanne Trippenbach, journaliste de L’Opinion, spécialiste des questions régaliennes.
• Brice Teinturier, directeur général délégué de l'Institut de sondages Ipsos.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé