Social : gare aux colères !
C dans l'air- 1 h 4 min
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Un an après le début du mouvement des gilets jaunes, les foyers de contestations se multiplient en France. Ce jeudi, c’est le malaise des soignants qui s’exprime massivement dans le pays. À l’appel du collectif Inter-Urgence, à l’origine depuis huit mois d’une grève dans près de 300 services d’urgences, et du collectif Inter-Hôpitaux, médecins, personnels soignants, cadres hospitaliers, internes et étudiants en médecine défilent côte-à-côte pour "sauver l’hôpital public". Une mobilisation d’une ampleur inédite depuis une quinzaine d’années qui fédère l’ensemble des acteurs du monde hospitalier et donne à cette journée des allures de "santé morte" : les opérations non urgentes ont été déprogrammées, les cours reportés dans les facultés de médecine…
Après la crise des urgences, ce sont tous les personnels de l’hôpital public qui se mobilisent pour obtenir un geste fort du gouvernement. Agnès Buzyn a promis l’annonce d’un nouveau "plan de soutien" qui mettra l'accent sur "un meilleur investissement courant" et "la revalorisation des salaires, notamment en début de carrière". Mais la ministre de la Santé a déjà échoué par deux fois à sortir de ce conflit : ni la prime mensuelle de 100 euros versée depuis juillet, ni le plan de "refondation" annoncé en septembre n'ont suffi à faire baisser la tension. Les manifestants visent désormais plus haut, pour desserrer le verrou de Bercy. Ils espèrent être reçu ce jeudi par Matignon. Mais la clé pourrait venir d’Emmanuel Macron, qui ce jeudi a affirmé avoir "entendu la colère" et a annoncé la présentation mercredi prochain d’un "plan d'action" avec un "geste fort ".
À trois semaines d'une grève massive dans les transports contre la réforme des retraites, il y a urgence pour l’exécutif. D’autant que malgré les milliards d’euros votés en un an, les braises des gilets jaunes ne sont pas éteintes et d’autres fronts menacent : agriculteurs, cheminots, enseignants, futurs retraités, policiers, pompiers mais aussi étudiants.
Près d’une semaine après l’immolation par le feu d’un étudiant lyonnais, brûlé à 90 % et toujours entre la vie et la mort, pour dénoncer ses conditions de vie précaires, la colère monte dans les facs. Mardi à Lille, près de 400 personnes ont pénétré dans la faculté de droit où devait se tenir une conférence de François Hollande sur la crise de la démocratie. Celle-ci a été annulée, l’ancien président a été évacué et ses livres détruits. Le soir, à Paris, des manifestants ont arraché une grille d’entrée du ministère de l’Enseignement supérieur. Et mercredi, l’université Lyon 2 a été brièvement bloquée, puis évacuée par la police.
Pour l’instant, le mouvement n’est pas structuré, mais la situation inquiète. Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise, prévenait hier : "Le gouvernement doit être très attentif à ce qui se passe dans les facs. La manière dont démarre un mouvement étudiant est souvent assez improbable et il y a un vrai sujet sur la précarité. […] Un an après, ce sont les enfants des gilets jaunes qui descendent dans la rue." Des gilets jaunes qui eux se préparent déjà à rejoindre la mobilisation du 5 décembre prochain.
Personnels soignants, étudiants, cheminots, pompiers, agriculteurs, gilets jaunes… Quelles sont les raisons de la colère ? L’Exécutif peut-il déminer ces contestations ?
Invités :
• Roland Cayrol, politologue et directeur du Centre d’études et d’analyses (Cetan)
• Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP
• Cécile Cornudet, éditorialiste politique aux Echos
• Emmanuelle Anizaon, grand reporter à L’Obs
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé