La mosquée attaquée et le débat piégé
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La condamnation de l’attaque de la mosquée de Bayonne hier est unanime. Deux hommes âgés de 74 et 78 ans qui préparaient la salle avant la prière ont été gravement blessés. C’est un octogénaire qui leur a tiré dessus après avoir tenté de mettre le feu à la mosquée. Interpellé peu après les faits à son domicile, l’homme a reconnu en garde à vue être l’auteur des tirs. Âgé de 84 ans, Claude Sinké avait été candidat du Front national (FN) en 2015 aux élections départementales des Landes, canton du Seignanx, avant d’être écarté du parti.
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a immédiatement dénoncé "un acte inqualifiable absolument contraire à toutes les valeurs portées par notre mouvement". "Nous condamnons avec la plus grande fermeté toutes les violences d’une manière générale. En politique comme ailleurs, elles sont absolument condamnables. Cette personne a été adhérente il y a quelques années au RN. Il est parti du RN parce que, semble-t-il, il avait des idées qui n’avaient rien à voir avec les nôtres" a réagi de son côté l'eurodéputé RN Nicolas Bay. "Quand il y a quelques années, un adhérent des Verts a décimé la moitié du Conseil municipal de Nanterre, il n'est venu à l’esprit de personnes de dire que c’était le parti EELV qui était responsable ! On n’est jamais à l’abri d’avoir quelqu’un qui ne partage pas nos idées et nos valeurs. Et qui prend sa carte dans nos rangs" a poursuivi l’élu d’extrême droite.
Mais si l’état-major de RN rejette tout lien entre l’attaque et le RN, plusieurs responsables politiques estiment le contraire. "Voilà où mènent les discours de haine et la stigmatisation ! À Bayonne, un ex-candidat RN est passé des paroles aux actes et a ouvert le feu devant une mosquée, faisant deux blessés", s’est ainsi indigné le député insoumis, Michel Larive. "Le suspect serait un ancien candidat RN. Quand on permet que des propos racistes soient tenus tranquillement à des heures de grande écoute, il ne faut pas s’attendre à autre chose", a renchéri le porte-parole du PCF et ex-tête de liste aux européennes, Ian Brossat. Même son de cloche du côté de la majorité. Saïd Ahamada, député LREM des Bouches-du-Rhône, fait également le parallèle. "Je viens d’apprendre que l’auteur de l’attaque contre la mosquée de Bayonne serait un ancien candidat du FN aux élections locales. Ce n’est pas un hasard. Nous devons collectivement en tirer les conséquences", a tweeté l’élu macroniste.
"La République ne tolèrera jamais la haine" a écrit hier soir sur Twitter le président de la République qui venait de recevoir les représentants du culte musulman pour leur demander de mieux combattre l’islamisme et le communautarisme. Des représentants qui ne s’étonnent guère de cette attaque de la mosquée de Bayonne vu le "climat actuel" et disent leur inquiétude.
"Nous devons faire très attention, élus ou responsables politiques, à ce que nous disons" sur toutes les religions a déclaré cet après-midi le Premier ministre à l’Assemblée nationale, alors qu’au même moment, au Sénat à majorité de droite, est examinée une proposition de loi LR visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. La sénatrice socialiste avait demandé à la droite de retirer ce texte "pour l'apaisement des esprits". Mais la demande a été refusée par le chef de file du groupe LR au Sénat, pour qui "le débat doit se passer en toute sérénité au Parlement, sinon il aura lieu dans la rue avec le risque de violences que cela comporte". Bruno Retailleau a également annoncé qu’il allait prochainement déposer une proposition de loi pour interdire les "listes communautaristes" aux élections, afin de "contrer ce qui est une forme de sécession".
Invités :
• Pascal Perrineau, politologue.
• Hakim El Karoui, essayiste et auteur de "L’islam, une religion française".
• Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction de L’Express.
• Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé