Chili, Liban, Hong Kong : la colère des peuples
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Tout comme la goutte de Diesel qui a fait déborder le vase en France en déclenchant la crise des Gilets jaunes, au Liban une taxe jugée injuste imposée sur l’application WhatsApp a réveillé le peuple libanais dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté. Jeunes, vieux, maronites, musulmans, ce sont des centaines de milliers de manifestants qui, dans toutes les régions du Liban, descendent dans les rues depuis six jours pour exprimer leur ras-le-bol. Le ministre des Finances a rétropédalé samedi, annulant cette taxe destinée à renflouer un pays au bord de la faillite, mais le mal était fait : les protestataires réclame "le départ de toute la classe politique" jugée incompétente et corrompue.
Dos au mur, le gouvernement a promis hier l’annulation de toutes les taxes annoncées, la baisse de 50 % des salaires du président et des ex-présidents des ministres et des députés ou la création d'une autorité nationale de lutte contre la corruption. Sans convaincre. Ces annonces ont été accueillies hier par les dizaines de milliers de manifestants aux cris de "Révolution, révolution" et "le peuple veut la chute du régime".
Autre pays, autre colère. Le Chili, modèle de stabilité en Amérique latine, s’est embrasé à son tour vendredi dernier après l’annonce d’une augmentation de 3 % du ticket de métro aux heures de pointe. Dans le sillage des lycéens et des étudiants, une foule immense a envahi les rues pour protester en masse contre les fortes inégalités sociales qui perdurent dans le pays. Émeutes, état d’urgence, couvre-feu... Le chef de l'État a évoqué dimanche soir un pays "en guerre". Près de 10 000 policiers et soldats ont été déployés pour tenter de mater les manifestants. Au moins douze personnes sont mortes, 239 civils ont été blessés depuis vendredi. Du côté des policiers et des militaires, une cinquantaine d'entre eux ont également été blessés. Selon les autorités, 2 151 personnes ont été arrêtées dans tout le pays, et à Santiago, on ne parle plus des transports en commun. Mais des chars militaires qui, pour la première fois depuis Pinochet, déambulent dans la capitale...
En Équateur, là aussi, nous venons d’assister à une mobilisation sans précédent des peuples indiens qui vient de contraindre le président, Lenin Moreno, à abandonner l’idée d’augmenter le prix des carburants, jusqu’à présent subventionnés par l’État. La mesure avait été décidée dans le cadre d’un vaste plan d’ajustement, noué avec le Fonds monétaire international (FMI) en échange d’un chèque de 4,2 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros). Fragilisé politiquement, le gouvernement a décidé de maintenir les subventions aux carburants et de calmer la rue, mais il fragilise les relations de l’Équateur avec le FMI.
Alors que va faire le Fonds monétaire international ? L’organisation internationale va-t-elle poursuivre son travail de gendarme économique, quel qu’en soit le prix à payer par les populations concernées ? Va-t-elle au contraire tenir compte de ces mouvements de révolte pour réévaluer ses exigences envers l'Équateur, le Liban, le Chili ou l’Argentine ? D’autres pays sont-ils susceptibles de connaître de telles crises sociales ? Enfin que sont devenus les Gilets jaunes et leur mouvement de protestation près d'un an après ?
Invités :
• François Clemenceau, rédacteur en chef international au Journal du Dimanche.
• Dominique Moïsi, politologue, géopoliticien et conseiller spécial à l’Institut Montaigne.
• Sylvie Matelly, directrice adjointe de l’IRIS.
• Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé