Combattre "l'hydre islamiste"... mais comment ?
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Près d’une semaine après la tuerie de la préfecture de police de Paris, les investigations se poursuivent. D’un côté, sur le parcours de Mickaël Harpon, un agent de la direction du renseignement habilité "secret défense", qui a tué quatre de ses collègues jeudi dernier et dont la radicalisation avait échappé à sa hiérarchie. De l’autre, sur les "anomalies" au sein des services qui mettent la police et Christophe Castaner en difficulté. Des "dysfonctionnements graves" sur lesquels est revenu le ministre de l’Intérieur hier, lors de son audition à l’Assemblée nationale, évoquant notamment une faille au moment de son mariage, en 2014.
Mickaël Harpon, qui travaillait comme informaticien au sein de la direction des renseignements de la préfecture de police (DRPP) depuis 2003 et disposait d'une habilitation "secret défense" qui aurait dû être réexaminée à ce moment-là. "Quand on fait une habilitation (pour accéder au secret défense), on fait l'environnement, donc on fait la famille, donc on fait le conjoint. L'auteur s'est marié en 2014, et cela n'a pas déclenché de nouveau contrôle", a expliqué le ministre.
Christophe Castaner est également revenu sur le "signalement informel en juillet 2015", quelques mois après un commentaire de Mickaël Harpon sur l'attentat de Charlie Hebdo, qui aurait déclaré "c'est bien fait" à deux collègues. "Il semble, d'après les éléments dont me fait part la directrice du renseignement de la préfecture de police, que ce témoignage n'a pas été formalisé et n'est pas parvenu au bon niveau hiérarchique. (...) Si c'est le cas, c'est un dysfonctionnement sérieux, c'est une faille grave", a-t-il déploré, ajoutant : "l’information n’a pas franchi le pas qui permettait de déclencher ce qui aurait dû être déclenché".
Le ministre a aussi évoqué le cas de l'imam fiché S qu'aurait pu croiser Mickaël Harpon en 2017 à la mosquée qu’il fréquentait à Gonesse. Celui-ci qui officiait auparavant à Sarcelles, avait fait l’objet, en 2015, d’une mesure d’obligation de quitter le territoire français, demandée par les services de renseignement, en raison notamment de ses prêches radicaux et de ses fréquentations, selon le député François Pupponi (ex-PS), ancien maire de la ville. Le locataire de la place Beauvau n’a rien confirmé, mais a précisé qu’il avait été "admis en France le 11 décembre 2014" et qu’en 2015, il avait fait "l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui n’a pas été exécutée, je ne sais pas pourquoi. Depuis, il a été décidé de lui accorder un titre valable parce qu'il a un enfant et parce qu'il est marié", a indiqué Christophe Castaner.
Interrogé plus généralement sur la question de la radicalisation au sein des forces de l'ordre, le premier flic de France a évoqué "une quarantaine d'individus radicalisés au sein de la police, et suivis par une cellule spécifique au sein de la DGPN". "Pour tous les cas où le risque de radicalisation a été caractérisé de façon suffisante, ces agents ont été écartés". "La moitié sont partis. Il reste 19 ou 20 cas qui sont suivis attentivement, sur lesquels les signaux sont des signaux faibles qui ne caractérisent aucune anomalie pénale mais font l'objet d'une attention particulière", a-t-il souligné.
Alors la radicalisation de Mickaël Harpon, l’auteur de la tuerie à la préfecture de police de Paris, aurait-elle pu être détectée avant son passage à l’acte ? Où en est-on de l’enquête ? Que contient la clé USB retrouvée au bureau du tueur ? Enfin, quelles mesures pour prévenir la radicalisation des fonctionnaires ? Armée, police, gendarmerie, pénitentiaire, éducation… La France compte 5,48 millions de fonctionnaires. Et parmi eux, il y a des éléments radicalisés explique Éric Diard. Le député LR des Bouches-du-Rhône, co-auteur d’un rapport parlementaire sur le sujet, appelle à la vigilance mais se veut néanmoins rassurant. "C’est une très petite quantité. Mais regardez les chiffres : il y a 350.000 policiers en France. S’il n’y en a que 100 qui sont radicalisés, c’est marginal mais ils peuvent faire un carnage. Comment peut-on laisser un policier radicalisé ? Dans ces services, il ne devrait pas y en avoir un seul", martèle-t-il. D’après le rapport, les cas soupçonnés – et pas nécessairement avérés – concerneraient 0,05 % des effectifs dans l’armée de terre, 0,03 % dans la marine et une trentaine de situations dans la police et la gendarmerie (sur un total de 130 000 gendarmes et 150 000 policiers).
Invités :
• Mathieu Delahousse, Grand reporter pour L’Obs, auteur « La chambre des coupables », aux éditions Fayard.
• Raphaëlle Bacqué, Grand reporter au journal Le Monde, auteur de « La Communauté », aux éditions Albin Michel.
• François Pupponi, député du Val-d’Oise et ancien maire de Sarcelles (95).
• Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé