Régimes spéciaux : la réforme impossible ?
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Après les avocats, les médecins, les pilotes, les infirmières, les salariés de la RATP ou encore Force Ouvrière, c’est ce mardi au tour de la CGT, rejointe par Solidaires (les syndicats SUD) et la FSU, d’appeler les Français à manifester contre la future réforme des retraites. Près de 150 mobilisations sont prévues un peu partout en France, sous un mot d’ordre large : "Emploi, salaires, services publics, retraites : stoppons la régression sociale !". Et cette fois-ci, dans les cortèges ont défilé des postiers, enseignants, agents des Finances publiques mais aussi des salariés des secteurs de la santé, de l’énergie ou des transports. Des perturbations sont annoncées notamment à la SNCF où la CGT-Cheminots, premier syndicat représentatif dans l'entreprise ferroviaire, et SUD-Rail, la troisième force syndicale, ont appelé à des arrêts de travail. La direction avait indiqué dimanche un trafic TGV "peu perturbé", deux trains Intercités sur cinq, trois TER sur cinq et un Transilien sur deux. Les transports publics à Lyon, Metz ou encore Besançon sont également impactés. La grève contre la réforme des retraites entraîne aussi des perturbations dans les établissements scolaires et les crèches.
"On fait une première mobilisation, il y en aura d'autres", a promis la semaine dernière Philippe Martinez. Comme on lui demandait si l'exécutif temporisait, le secrétaire général de la CGT s'est exclamé : "Ah ça, ils ont la trouille !" Le gouvernement prévoit de faire voter le projet de loi qui définira le nouveau système universel d'ici juillet 2020, après une nouvelle phase de concertation citoyenne. La réforme prévoit de fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025. Un point sur lequel la CGT est opposé. Partisan d’un maintien des régimes spéciaux comme "des systèmes complémentaires" au régime général, Philippe Martinez estime néanmoins qu’"il faut mieux harmoniser un certain nombre de choses, notamment sur la pénibilité" et "prendre en compte l’évolution du monde du travail" avec les études longues et l’essor des plateformes. En revanche, il ne juge "pas négociable" une proposition qui consisterait à n’appliquer la fin des régimes spéciaux qu’aux futurs entrants. "Pourquoi condamner les générations futures à partir à 68 ou 70 ans à la retraite ?", proteste le patron de la CGT. "Notre système a été créé en 1945, entre-temps le monde du travail a changé", a-t-il expliqué. "Il faut le faire évoluer, tout en gardant son socle, car c’est le modèle le plus juste au monde, basé sur la solidarité. Mais le gouvernement veut le changer complètement".
Alors maintenant que va-t-il se passer ? Difficile de dire s’il y aura dans quelques semaines une mobilisation commune avec FO, ce qui n’est pas prévu pour l’instant. FO parle-t-elle à la CGT ? Oui, dit-on de part et d’autre. "Nous aurons besoin de réunir une unité d’action syndicale si nous voulons gagner, nous le savons, et c’est dans ce sens-là que nous travaillons aujourd’hui", a lancé le secrétaire général Yves Veyrier samedi. Les syndicats de la RATP, qui ont réussi un mouvement de grève massif le 13 septembre comme il n’y en avait pas eu depuis 2007, ont, eux, appelé à la grève illimitée à partir du 5 décembre.
De son côté, Jean-Paul Develoye, démineur en chef de la réforme, l’ancien médiateur de la République et ancien chiraquien, a promis qu’il y aurait des "simulateurs individuels entre 2020 et 2025" pour que chacun puisse évaluer les effets de la réforme. Répondant à une question sur le mécontentement des avocats qui sont eux aussi descendus dans la rue, Jean-Paul Delevoye a assuré lundi avoir "une solution pour chaque profession". "Ils vont supprimer les régimes spéciaux mais ils vont en recréer d'autres...", a pronostiqué un négociateur.
Alors quels sont les contours de la réforme ? Le monde des transports sera-t-il la locomotive de la bataille contre la réforme des retraites ? Quels sont ces régimes autonomes également en pointe de la mobilisation ?
Invités :
• Roland Cayrol, politologue, directeur du Centre d’études et d’analyses (Cetan) et auteur de "Le président sur la corde raide", aux éditions Calmann Levy.
• Françoise Fressoz, éditorialiste pour Le Monde.
• Stéphanie Matteudi, directrice de la société Art du dialogue social (ADDS) et chercheuse au Laboratoire de recherche et d'études en droit social rattaché à Lille 2.
• Gilles Dansart, journaliste spécialiste des Transports, directeur de Mobilettre, une lettre d’informations sur les questions de mobilité.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé