Riverains / Agriculteurs : la guerre des pesticides
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Le débat sur l’utilisation des pesticides dans les cultures et les distances à respecter par rapport aux habitations ne cesse d’enfler. Partout en France, de nombreux édiles emboîtent le pas du maire de Langouët, en Bretagne, en prenant des arrêtés anti-pesticides dans leur commune. Si bien que le gouvernement a décidé de lancer lundi une consultation publique de trois semaines sur cette question.
Le gouvernement, qui dit se baser sur les recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), propose d'instaurer des distances minimales entre les champs d'une part et les habitations et bâtiments publics d'autre part. Annoncé samedi par les ministres de l'Agriculture, de l'Environnement et de la Santé, ce "nouveau dispositif d'encadrement" définit des zones "zéro pesticide" à géométrie variable : pas d'épandage de "substances les plus dangereuses" et de produits phyto sur les cultures hautes (vignes, arbres fruitiers, etc.) à moins de 10 mètres d'une habitation et rien sur les cultures basses (céréales) à moins de 3 mètres.
Ces distances minimales pourraient néanmoins être assouplies localement s'il est fait usage de matériels permettant d'épandre au plus près des plantes. Des chartes devraient fixer seuils de tolérance, département par département, après concertation avec les agriculteurs, les associations et les élus. Toute cette démarche a été couchée dans un projet de décret dont le contenu fait l'objet de la consultation publique qui vient de s'ouvrir. L'objectif est d'être opérationnel au 1er janvier 2020.
Mais ce n'est pas gagné. Car c’est peu de dire que les organisations de protection de l’environnement et les maires qui ont pris des arrêtés anti pesticides sont déçus. "Cinq ou dix mètres ne représentent absolument pas une distance susceptible de réduire de manière significative l'exposition des riverains aux pesticides", dénonce ainsi Générations Futures. Selon l’ONG, le rapport de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses), sur laquelle le projet de réglementation a été calé, se réfère à un mode d'évaluation de l'exposition à ces substances empreint "de fortes faiblesses". Il se fonde sur des "données vieilles de plus de 30 ans". "Quand j'ai appris ça, je pensais que c'était une fake news et que ce n'était pas sérieux ! Cette proposition n'est pas croyable", a réagi pour sa part le maire Langouët. De son côté, le journaliste et fondateur du mouvement des coquelicots, Fabrice Nicolino s’est dit "profondément révolté". Pour cet auteur d’une enquête sur les pesticides, qui doit paraître le 12 septembre prochain, "l’Agence nationale de sécurité sanitaire fait partie du lobby des pesticides" et "cette consultation est un cadeau de plus à la FNSEA".
Mais le projet de réglementation ne réjouit pas davantage les agriculteurs, défavorables à la création de zones d'interdiction des pesticides. "Il existe d'autres moyens. Il y a de nouvelles techniques, des haies, des murs, des filets brise-vent pour éviter les dérives dans l'atmosphère" a estimé Christian Durlin, vice-président de la commission environnement de la FNSEA. Ce dernier incite également les exploitants à participer massivement à la consultation en ligne pour "faire comprendre leur métier".
Alors faut-il appliquer une distance entre les champs où sont utilisés des pesticides et les habitations ? Les Français ont trois semaines pour donner leur avis sur les sites des ministères de la Santé, de la Transition écologique et de l'Agriculture. Les résultats devraient être centralisés et dépouillés au ministère de la Transition écologique et solidaire, en vue d'un arbitrage définitif fin novembre, avant la publication du décret prévu pour le 1er janvier 2020.
Invités :
• Jean Viard, sociologue, directeur de recherche CNRS.
• Frédéric Denhez, journaliste spécialiste de l'environnement.
• Arnaud Gossement, avocat, spécialiste en droit de l’environnement.
• Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique de Marianne.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé