Urgences : 750 millions... et la grève continue !
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Ni les 70 millions d’euros débloqués cet été, ni les 753 millions sur trois ans, promis lundi par Agnès Buzyn, n’ont mis fin à la crise des urgences. Six mois après le début d’un mouvement de grève inédit par sa durée - bientôt 6 mois - et son ampleur - 250 services à ce jour, la colère des personnels hospitaliers se propage. Une journée nationale d’action se déroule aujourd’hui partout en France dans les hôpitaux et une manifestation est prévue dans l’après-midi à Paris à l’appel des syndicats. Le collectif Inter-Urgences a décidé hier de poursuivre la grève, et même de l’amplifier avec le soutien des médecins.
Car le plan présenté lundi par la ministre de la Santé n’a pas convaincu. Principales mesures : un nouveau "service d’accès aux soins" (SAS) pour réguler les appels aux secours, des "admissions directes" sans passage aux urgences pour les personnes âgées et une meilleure "gestion des lits" disponibles dans les hôpitaux, le tout financé par des crédits existants... "Nous avons vraiment fait un travail de fond. (...) La crise est aux urgences mais le problème se situe ailleurs", a affirmé Agnès Buzyn.
Mais il n’y a "rien sur les ouvertures de lits, rien sur les effectifs", a déploré le président du collectif Inter-Urgences, Hugo Huon. Pour cet infirmier à l’hôpital parisien Lariboisière, il y a également un "déni des professions paramédicales" qu’Agnès Buzyn "se refuse complètement à revaloriser". "Ce plan, c’est du flan !" Il s’agit d’"une campagne de communication à destination du grand public pour faire croire qu'on va donner des moyens aux urgences", a réagi de son côté le docteur Emanuel Loeb, président de l'association Jeunes médecins. Selon lui, le plan proposé par la ministre de la Santé "va utiliser les moyens alloués à l'hôpital, qui est déjà exsangue, pour permettre à un autre service de pouvoir fonctionner". Mais "on voit mal comment déshabiller Paul pour habiller Jacques pourra améliorer de manière pérenne la situation des urgences" et de "l’hôpital dans son entièreté".
Ces dernières annonces gouvernementales s’ajoutent aux dispositions comprises dans la loi santé 2022, qui doit réorganiser, entre autres, la médecine de ville pour désengorger en amont les urgences hospitalières. En vingt ans, les services d’urgences ont vu leur fréquentation doubler pour atteindre 21 millions de passages, et sont devenues le lieu de cristallisation des dysfonctionnements du système de santé. Depuis 2005, près de 10 milliards d’euros d’économies ont été demandées aux hôpitaux publics. Quelques crédits ont été accordés en début d’année par le ministère de la Santé, mais plus de la moitié des établissements sont aujourd’hui dans le rouge. Fermetures de lits au profit de l’ambulatoire, fermetures de maternités, heures d’attente aux urgences avec des couloirs surchargés… Les patients constatent les tensions et le malaise grandit chez les personnels hospitaliers.
Alors la crise aux urgences peut-elle s’étendre ? Désormais, afin de renforcer la pression sur le ministère, les grévistes en appellent à une extension du mouvement aux autres services hospitaliers. Parallèlement, la tension monte également d’un cran dans le monde de la sécurité civile. Après avoir voté la reconduction de la grève jusqu’à fin octobre, sept syndicats de sapeurs-pompiers réunis en intersyndicale appellent à une manifestation nationale le 15 octobre à Paris. Une “marche de la colère” sera aussi organisée le 2 octobre à Paris à l’appel de l’ensemble des syndicats policiers.
Invités :
• Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Échos.
• Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou.
• Mireille Weinberg, journaliste pour L’Opinion en charge des questions de santé.
• Caroline De Pauw, sociologue spécialiste des questions de santé et auteure de "Les médecins généralistes face au défi de la précarité".
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé