Rentrée sociale : pourquoi ça chauffe ?
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Si Emmanuel Macron et le gouvernement ont déjà effectué leur premier Conseil des ministres le 21 août dernier, le calendrier va s’accélérer cette semaine, marquée par la rentrée scolaire, le Grenelle des violences faites aux femmes et un séminaire gouvernemental mercredi à l’Élysée pour « aborder en profondeur » l’agenda des réformes à venir. Au menu de cette réunion présentée par l’Élysée comme le véritable coup d’envoi de l’acte II : des arbitrages budgétaires, les grands projets de loi examinés au Parlement (lois bioéthiques comprenant la PMA pour toutes, loi anti-gaspillage...) et la réforme des retraites.
Le chef de l’État a demandé à ses ministres de garder « beaucoup de détermination » à réformer le pays tout en ayant « le souci constant de la concertation et du respect des différentes parties prenantes ». Dans cette perspective, les partenaires sociaux seront reçus par le Premier ministre à Matignon jeudi et vendredi pour déminer la déjà controversée réforme des retraites, tandis qu’un processus de « concertation citoyenne » doit être lancé à l’automne. Mais FO et la CGT ont déjà appelé à descendre dans la rue, respectivement le 21 et le 24 septembre.
Autre dossier sensible : l’éducation. Deux mois après la crise inédite autour du bac, le ministre de l’Éducation nationale tente de renouer le lien avec les enseignants et les syndicats, promettant écoute et concertation. Mais cette volonté de faire retomber la pression laisse sceptiques certaines organisations syndicales. « On est inquiets », a confié ainsi à France info Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, « les motifs de mobilisation qui existaient l'année dernière n'ont pas miraculeusement disparu pendant l'été ». D’ailleurs de nombreux enseignants du secondaire étaient en grève ce lundi de rentrée ou refusent d'endosser le rôle de professeur principal pour protester contre la réforme du lycée et du baccalauréat qui doit être mise en œuvre cette année.
À l’hôpital également, la torpeur de l'été n'a pas eu raison de la mobilisation des services d'urgences. Quasiment six mois après le début du mouvement initié à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, le nombre de services en grève n'a cessé d'augmenter pour atteindre une ampleur inédite. Le collectif Inter Urgences prédit même 250 services d'urgences mobilisés sur 474 touchés par la grève des personnels paramédicaux (infirmières et aides-soignantes) d'ici la fin de semaine. Soit plus d'un service sur deux. Du jamais-vu. Et pour compliquer les choses, voilà que les médecins urgentistes restés à l'écart menacent d'entrer dans la danse si des moyens ne sont pas dégagés dans le prochain budget alloué à la santé. Ce lundi, syndicats d'urgentistes et collectif des grévistes se retrouvent pour envisager des actions communes.
Mobilisés depuis fin juin, les pompiers professionnels ont eux aussi prolongé leur mouvement de grève, jusqu’à fin octobre. Ils dénoncent les « sous-effectifs, sur-sollicitations professionnelles et violences » à leur encontre. Enfin, si les Gilets jaunes ont été moins actifs pendant l’été, ils ont aussi promis un « septembre noir » au gouvernement avec une nouvelle journée d'action déjà prévue le 7 septembre à Montpellier, dans l’Hérault, pour « l’acte 43 » du mouvement.
Retraites, hôpitaux, écoles, pompiers, Gilets jaunes... Alors, à quoi faut-il s'attendre en cette rentrée sur le front social ? Quels sont les prochains chantiers de réforme du gouvernement ?
Invités :
• Françoise Fressoz, éditorialiste pour Le Monde.
• Bernard Vivier, directeur de l’Institut Supérieur du Travail.
• Fanny Guinochet, journaliste en charge des questions économiques et sociales de L’Opinion.
• Brice Teinturier, de l’Institut de sondages IPSOS. Auteur de « Plus rien à faire, plus rien à foutre ».
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé