Féminicides : la colère... et les solutions ?
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Elles s'appelaient Céline, Sarah, Maguy, Clothilde, Eliane, Marianne… 101 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint depuis le début de l’année d'après le compteur que tient à jour le collectif « féminicides par compagnons ou ex ». Lundi, l’histoire d’une dame âgée de 92 ans, retrouvée rouée de coups dans le Tarn, étant venu s'ajouter à ce triste décompte, à la veille de l'ouverture du « Grenelle des violences conjugales ».
Annoncé par la secrétaire d'État Marlène Schiappa début juillet, ce grand chantier est lancé par le gouvernement ce mardi 3 septembre 2019, en écho au 3919, numéro national d’écoute destiné aux femmes victimes de violences. Objectif : réunir à Matignon différents ministères (Justice, Intérieur, Santé, Education…), responsables associatifs et proches des victimes. En parallèle, 91 réunions auront lieu partout en France sous l’égide des préfets pour faire reculer les violences physiques ou sexuelles dont sont victimes chaque année plus de 220 000 femmes. Ce grand raout doit durer jusqu’au 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Que faut-il en attendre ? Cet exercice demande un « travail collectif », a estimé ce mardi le Premier ministre, Édouard Philippe, qui a d’ores et déjà annoncé plusieurs mesures pour répondre à l'urgence : création de 1000 hébergements d’urgence, lancement d’un audit dans 400 commissariats pour améliorer l’accueil des victimes, mise en place prochaine du bracelet électronique pour les hommes violents ou encore « suspension de l’autorité parentale de plein droit en cas d'homicide volontaire par le conjoint ».
« Ce qu'on attend, c'est des résultats », avait martelé lundi Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, lors d'une conférence de presse réunissant une dizaine d'associations mobilisées sur le sujet. Au vu de l’ampleur dramatique du nombre de féminicides, ces dernières réclament du concret, et vite. Avec un exemple en tête, l’Espagne.
Ainsi les militantes demandent depuis des semaines la création, avant la fin de l'année, d'au moins 2 000 places d'hébergement supplémentaires pour les femmes ayant fui le domicile conjugal, un renforcement de la prévention contre les violences sexistes dès l'école, et la création d'instances judiciaires spécialisées. Elles préconisent également de mieux former les policiers et gendarmes appelés à recueillir les plaintes des femmes victimes, afin d'éviter que celles-ci se voient éconduire ou répondre que porter plainte « ne sert à rien ».
Mais l'une des questions cruciales reste celle des moyens financiers. Marlène Schiappa a annoncé la semaine dernière la création d'un fonds spécial, baptisé « fonds Catherine », doté d'un million d'euros à destination des associations locales de terrain. Le chef du gouvernement vient d’annoncer une enveloppe supplémentaire de cinq millions d’euros. Mais les structures mobilisées sur le sujet souhaitent que l'événement débouche sur un « plan Marshall » doté d' « au moins » « 500 millions, voire un milliard d'euros ». D’après un rapport publié fin 2018 par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes 506 millions d'euros au minimum (1,1 milliard pour l'hypothèse haute) seraient nécessaires chaque année pour prétendre lutter efficacement contre les violences conjugales. Le budget actuel est estimé par le HCE à 79 millions d'euros.
Alors comment lutter contre les violences faites aux femmes ? Pourquoi la France n'y arrive-t-elle pas ? L'Espagne apparaît comme un modèle à suivre. Qu'en est-il vraiment ?
Invités :
• Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM.
• Evelyne Sire-Marin, magistrate – présidente de chambre à la Cour d’appel de Versailles.
• Astrid de Villaines, journaliste au Huffington Post et auteure de « Harcelées ».
• Roland Coutanceau, psychiatre criminologue, expert auprès des tribunaux.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé