Christelle, 32 ans... 75e victime
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Une femme trentenaire a été retrouvée morte, étranglée, samedi à son domicile. Elle est la 75e femme, depuis le début de l’année, à avoir été tuée par son compagnon. Le même jour, à Paris, des centaines de personnes ont manifesté pour protester contre l'inaction du gouvernement face à ce qu’on appelle les féminicides. « Que faites-vous ? Qu'allez-vous faire ? Combien pensez-vous que coûte la vie d'une femme ? » a interpellé la comédienne Muriel Robin, qui a laissé exploser sa colère lors de ce rassemblement. Un peu plus tard, Eva Darlan a enfoncé le clou sur Europe 1 : « Emmanuel Macron, quand il est arrivé au pouvoir, a fait de l’égalité homme-femme la grande cause nationale de son quinquennat. C’est à mourir de rire », s'est-elle emportée.
En réponse, la ministre Marlène Schiappa a rappelé le lendemain dans les colonnes du Journal du dimanche ce qu’elle avait déjà mis en place depuis deux ans au travers de son secrétariat pour l’Égalité entre les femmes et les hommes, et a indiqué la tenue en septembre d’un « grenelle » pour « construire des mesures encore plus efficaces » pour venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Une campagne de sensibilisation ainsi qu’une « consultation citoyenne » ont également été annoncées alors que chaque année, au moins 219 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, d’après les statistiques issues d’une enquête réalisée entre 2012 et 2018 par l’Insee et l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.
Mais au vu de l’ampleur dramatique du nombre de féminicides, certains réclament du concret, vite. Et dans leur bouche un exemple revient inlassablement : l’Espagne. Car si en France, le président de la République ou la garde des Sceaux admettent que l’État n’en fait « pas assez », de l’autre côté des Pyrénées, cela fait déjà longtemps que les autorités légifèrent, avec efficacité.
Dès 2004, une loi plus protectrice qu’en France pour les femmes victimes de violences a été adoptée faisant de ce fléau une grande cause nationale. Celle-ci a entrainé la création des tribunaux spéciaux capables d’infliger des peines plus lourdes que la justice pénale ou civile ordinaire, les circonstances atténuantes pour les agresseurs ont notamment été supprimées, et les coupables sont désormais équipés de bracelets électroniques qui permettent de les localiser. Par ailleurs, les personnels chargés de faire face aux victimes (en milieux médical, policier et judiciaire) reçoivent une formation obligatoire. Les juges se doivent d’instruire les dossiers en 72 heures, et l’État peut décider de lui-même de poursuivre les auteurs et de protéger les femmes même si les victimes n’en font pas la demande voire s'y opposent. Enfin, les femmes battues disposent d’un bouton qu’il leur suffit de presser pour que la police soit alertée et arrive là où elles se trouvent. Des agents des services publics prennent régulièrement de leurs nouvelles et une solution de relogement est proposée en cas de violences. Une politique qui a un coup mais qui porte ses fruits : alors qu’en 2003, 71 femmes avaient été tuées dans le pays, ce chiffre a été ramené à 47 l’an passé.
En France, malgré un arsenal législatif conséquent, le nombre de femmes tuées est en augmentation : 75 féminicides ont déjà été recensés en 2019. L’année dernière, elles étaient 107 à mourir sous les coups de leurs compagnons ou ex-conjoints.
Alors pourquoi les féminicides augmentent-ils encore en France ? Que fait le gouvernement pour lutter contre ? L’Espagne est-il l’exemple à suivre ?
Invités :
• Alain Bauer, professeur de criminologie.
• Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes.
• Évelyne Sire-Marin, magistrate, vice-présidente du Tribunal de Grande Instance de Paris.
• Claude Weill, éditorialiste politique de Nice-Matin / Var-Matin.
Présenté par : Caroline Roux