Chômage : la fin des tabous
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C’est le dernier gros chantier du gouvernement avant l’été. L’exécutif a présenté ce mardi son projet de décrets de la réforme de l’assurance-chômage, dernier pilier censé remodeler le marché du travail, après le bouleversement du Code du travail en 2017 et la réforme de l’apprentissage et de la formation. Après l’échec des négociations entre patronat et syndicats en février, l’État a décidé de redéfinir seul les règles qui régissent l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Une première depuis 1982, et ce quelques mois après l’entrée en vigueur des derniers changements, à l’automne 2017. Car, pour le Premier ministre, « le système actuel dysfonctionne. Les règles d’indemnisation incitent trop souvent au maintien d’emplois précaires, et pas suffisamment au retour à l’emploi ». « Avec cette réforme nous visons une baisse du nombre de chômeurs de 150 000 à 250 000 sur les trois ans à venir ». « 3,4 milliards d’euros d’économies » devraient également être réalisés de novembre 2019 à fin 2021, a expliqué Édouard Philippe.
Mais comment le gouvernement compte-t-il y parvenir ? Quels sont les principaux points de la réforme ? L’exécutif entend mettre en place un système de bonus-malus sur les cotisations d’assurance-chômage. Concrètement, une entreprise qui abusera des contrats courts devra payer plus de cotisations. Mais cette sur-taxation ne concernera que sept secteurs : l'hébergement, la restauration, l'agroalimentaire, l'eau et les déchets, la plasturgie ou encore le bois et le papier. Pour ces activités, la taxe par CDD d’usage sera de 10 euros.
Autre changement majeur apporté par le texte : le durcissement des règles pour bénéficier d’une indemnisation. Alors qu’il faut actuellement avoir travaillé au moins 4 mois au cours des 28 derniers mois pour accéder à l’assurance-chômage, il faudra à l’avenir avoir travaillé au moins 6 mois au cours des 24 derniers mois. Les conditions de « rechargement » des droits seront également durcies : il faudra avoir travaillé six mois au lieu d’un pendant sa période de chômage pour voir son indemnisation prolongée d’autant.
L’exécutif souhaite également mettre en place une dégressivité des indemnisations les plus élevées – celles des cadres, dans la pratique. Les demandeurs d'emploi qui avaient un revenu de travail supérieur à 4500 euros brut par mois vont voir, avec la réforme, leur indemnisation réduite de 30 % à partir du septième mois. Cette mesure, qui ne concerne pas les chômeurs de plus de 57 ans, sera appliquée jusqu'à un plancher d'indemnisation de 2261 euros net.
Enfin plus de 1000 nouveaux conseillers Pôle emploi seront recrutés pour mettre en place de nouveaux services d'accompagnement, a annoncé ce mardi la ministre du Travail Muriel Pénicaud, mettant ainsi fin à trois années de diminution des effectifs de l'organisme public.
Quelques jours avant la présentation de cette réforme d’ampleur a été annoncée la démission du directeur général de l’Unédic, Vincent Destival, en poste depuis 2010. Il quittera ses fonctions en septembre, en pleine mise en place des nouvelles règles : un premier train devrait entrer en vigueur le 1er novembre 2019, puis l’ensemble de la réforme le 1er janvier 2020. Tenus à l'écart des arbitrages, les partenaires sociaux ont, eux, ce mardi vivement réagi. Les syndicats ont notamment fait part de leur « colère » contre une réforme « profondément injuste ». De son côté, le Medef a critiqué l’instauration d’un mécanisme de bonus-malus qui sera « soit inefficace, soit au pire découragera l’emploi ».
Invités :
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Échos.
- Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
- Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.
- Sophie Fay, grand reporter à L’Obs.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé