Autour de la rue Drouot
Paname- Documentaires
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La rue Drouot, dans le 9e arrondissement de Paris, est une courte artère (300 m de long) mais connue bien au-delà de la capitale grâce à la présence de l’hôtel Drouot, lieu emblématique du marché de l’Art dans le monde depuis 1852 et plus importante salle des ventes aux enchères de France. Toute une vie de quartier découle directement de cette activité. Autour de l’hôtel Drouot sont venus se greffer, dans la rue Drouot et alentour, de nombreux marchands d’art, experts, antiquaires, philatélistes et numismates. Mais vous verrez que ce quartier très central a été choisi de façon stratégique par des commerces d’une tout autre nature.
♦ L’Hôtel Drouot avec Maître Christophe Lucien
À Drouot, tout se vend et tout s’achète, de la toile de grand maître à la vaisselle de grand-mère. L’échelle de valeurs est très large. On y trouve des objets à 10 €, donc accessibles au plus grand nombre, contrairement à Christie’s ou Sotheby’s qui donnent dans le haut de gamme. Les enchères sont publiques, ouvertes à tous. Elles attirent une faune fascinante composée de collectionneurs, de chineurs ou de curieux qui viennent un peu comme au spectacle. Yvan a pour guide Maître Christophe Lucien, 56 ans, commissaire-priseur fantasque et passionné, vrai amoureux de Paris. Il organise depuis 10 ans des ventes « Paris mon amour ». Ce sont des lots d’objets relatifs à l’histoire de Paris. Avec panache et un sens aigu de l’anecdote, Me Lucien nous éclaire sur les codes de Drouot et nous emmène à sa suite dans les coulisses, juste avant d’assurer une vente.
♦ Vincent Guerre
Vincent Guerre, issu d’une lignée d’antiquaires, est miroitier d’art, agréé Monuments Historiques. Seul miroitier au monde à travailler les miroirs anciens au mercure, il s’applique à reproduire le savoir-faire des artisans de l’époque, à la fois dans les gestes et la quête de matériaux originaux, de plus en plus rares. Son stock lui permet de répondre à des commandes exceptionnelles, telle la restauration de la galerie des glaces du château de Versailles en 2007. La fabrication des miroirs au mercure a été interdite en 1850, jugée trop toxique pour les artisans. Vincent explique comment les reconnaître (scintillement caractéristique). Vincent hante souvent les couloirs de Drouot pour dénicher ou expertiser miroirs ou cadres en bois doré, son autre spécialité.
Miroirs de sorcières ou de fête foraine, cadres précieux attendant un tableau… Chez Vincent, les objets ont une âme, une vie. Et il a un lien très personnel avec ce lieu, ancienne salle d’escrime puis boutique d’antiquités.
♦ Frédérick et les passages couverts
Les passages couverts ont ce charme désuet qui les rend si attachants. Hors des modes et du temps, ils occupent une place de choix dans le cœur des Parisiens. Ils cultivent une atmosphère particulière grâce à la lumière zénithale que filtrent leurs verrières et à l’intimité qui y règne, loin de la rumeur de la ville. Frédérick raconte l’histoire de ces passages. Leur naissance dans la première moitié du XIXe siècle et l’engouement immédiat qu’ils suscitent. Lleur décadence après 1860 (liée aux travaux d’urbanisme d’Haussmann et à l’apparition des grands magasins). Seuls 17 passages couverts ont survécu. Parmi eux, Verdeau et Jouffroy, de part et d’autre de la rue de la Grange-Batelière. Verdeau, éclairé par une haute verrière dite « en arête de poisson » abrite de nombreuses boutiques d’objets de collection (poupées, jouets, appareils photos, instruments de musique…), installées ici en raison de la proximité de l’hôtel Drouot. Verdeau a toujours souffert de la comparaison avec son voisin le passage Jouffroy, construit dans sa prolongation, au cours de la même opération immobilière en 1847. Jouffroy est le premier passage à bénéficier, dès son inauguration, d’un chauffage par le sol, sous le carrelage en damier noir et blanc. Innovation très appréciée, ce qui participa à en faire un endroit très fréquenté, voire le passage le plus fréquenté de tous vers 1889. Il en était presque impraticable, « quand on croit avancer, on recule… », disait-on. Lieu de rendez-vous, l’endroit offrait la possibilité de se restaurer avec deux cafés à l’entrée et plusieurs restaurants à prix fixe. C’était le siège de trois restaurants qui se disputaient chaque jour les gourmets, Parisiens, étrangers et provinciaux : le Dîner de Paris, le Dîner du Rocher et le Dîner Jouffroy. On disait « la promenade sert d’absinthe et les ardoises où est inscrit le menu du jour font le reste… » Ses boutiques de curiosités (cannes, miniatures…), sont les héritières des magasins de nouveautés qui contribuèrent au succès des passages couverts. La fréquentation est alimentée par le flux de visiteurs sortant du musée Grévin. Un décaissement du terrain obligea les constructeurs à créer un décrochement en baïonnette assorti d’un petit escalier, qui ajoute au charme de l’endroit. La deuxième section est étroite, au point qu’on ne peut y loger que le couloir central et une seule boutique latérale. Astuce du libraire : il eut l’idée d’habiller l’un des côtés de l’allée par des consoles de bois. L’illusion est parfaite, on a l’impression de voir une longue librairie alors que ces rayonnages n’excèdent pas trente cm de profondeur. Dans un renoncement se love l’hôtel Chopin, ouvert en même temps que le passage, ce qui en fait l’un des plus vieux hôtels de Paris. À l’époque nommé « hôtel des familles », sa porte n’a jamais été fermée depuis 1846, elle n’a d’ailleurs pas de serrure ! Il y a donc une personne à la réception depuis cette date, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Ce passage est construit sur une ancienne voie moyenâgeuse, qui existe toujours, au soussol. Quelques mètres sous le pavage se trouve la même galerie exactement, desservant les caves de toutes les boutiques du passage. On y retrouve les marches qui descendent dans la deuxième partie du passage et le fameux système de chauffage par les grilles au sol. Les pavés de cette rue souterraine prouvent l’ancienneté de cette voie au-dessus de laquelle fût construit le passage Jouffroy.
♦ Dark Store Cajoo
Savez-vous qu’est un Dark store ? C’est un centre de distribution urbain exclusivement dédié à la livraison de courses en un temps défini. Le concept se déploie à grande vitesse dans les villes européennes, Paris n’y échappe pas. Plusieurs acteurs se partagent le marché : Dija, Gorillas, Kol… Le français Cajoo est arrivé en février dernier, avec la promesse de livrer dans le quart d’heure. Henri Capoul, co-fondateur et gérant, explique que la crise de la Covid a accéléré la pénétration du e-commerce. La start-up a levé 6 millions d’euros dès la phase d’amorçage. Il vise l’ouverture de 50 entrepôts d’ici fin 2021 avec l’enjeu de mailler entièrement Paris. Il y en a aujourd’hui 9. Celui-ci, rue de Montyon, est le plus récent et le plus grand. Yvan s’essayera à relever le défi. Une commande arrive, envoyée par un client via l’application, L’entrepôt se met en branle : un opérateur prend un panier et glane dans les rayons les produits, en 2 à 4 mn, puis le sac est donné à un livreur qui part en vélo électrique Angel livrer en moins de 10 mn.
♦ Monbleu
Damien Richardot a grandi dans le massif de la Chartreuse. Depuis son enfance, cet amoureux de la ferme et de la montagne a été biberonné au fromage. Après des études d'ingénieur et un premier boulot "dans un bureau", il monte un premier resto en 2009, puis 4 autres avant de se tourner vers l'univers du fromage. Pendant 2 ans (2016-2017), il rencontre des producteurs, des artisans, des commerçants pour élaborer ce projet de resto-fromagerie, à la croisée de son expérience de restaurateur et de ses origines alpines. Il s’associe avec Pierre Gay, fromager basé à Annecy, Meilleur Ouvrier de France, qui le conseille dans ses choix. Monbleu se veut didactique sur l’origine et la fabrication des fromages, avec des prix très raisonnablesAu programme, découpe d’une tête de moine (copeaux dentelés) et préparation en cuisine une raclette avec 6 fromages différents.
Présenté par : Yvan Hallouin, Frédérick Gersal