Égypte : acteur atypique du monde arabe ?

Democratia

Grande puissance régionale, alliée majeure des États-Unis, l'Égypte est à la fois interlocutrice d'Israël et soutien de l'Autorité palestinienne. Le pays qui possède une frontière avec l'État hébreu mais aussi avec la bande de Gaza a régulièrement fait office de médiateur lors des différentes crises, par le passé. Mais peut-il être aujourd'hui encore un interlocuteur-clé ? Ou bien empêtré dans ses difficultés intérieures en matière de sécurité et de finances notamment ; ne s'est-il pas tout simplement fait doubler, dans le camp arabe, par l'Arabie saoudite mais aussi Le Qatar ?Les invités du débat : Dima Alsajdeya - Chercheuse en histoire contemporaine du monde arabe, Collège de France Antoine Basbous - Fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes Le documentiare « La flotte jaune : Prisonniers du désert » Écrit et réalisé par Julien Meynet  Le 5 juin 1967, l’armée israélienne lance une guerre-éclair contre une coalition de pays arabes menés par l’Égypte. En une journée, l’intégralité de la flotte aérienne égyptienne est anéantie. Devant l’avancée fulgurante de Tsahal dans la péninsule du Sinaï, Nasser ordonne alors précipitamment la fermeture des deux extrémités du Canal de Suez, bloquant ainsi l’avancée des troupes de l’État hébreux. Quatorze navires marchands qui traversaient à ce moment le canal vont se retrouver pris au piège. A bord, les marins, parmi lesquels on compte majoritairement des Allemands, des Anglais et des Français pensent qu’il ne s’agit que d’une affaire de quelques jours. Ils ignorent encore que leurs navires resteront bloqués là, au milieu du canal, jusqu’en 1975. Huit longues années durant lesquelles ces équipages, relayés tous les 6 mois, vont devoir apprendre à vivre ensemble : ils inventent leur propre service postal, construisent de toutes pièces un cinéma, et iront même jusqu’à organiser leurs propres jeux Olympiques … le tout sous l’œil des armées égyptiennes et israéliennes qui occupent chacune une des rives du canal, et multiplient les opérations d’intimidation.  Recouverts au fil des mois par les sables du déserts, ces navires entreront dans l’Histoire sous le nom de « La Flotte Jaune ».