« Femmes de Tahiti, dit aussi Sur la plage », de Paul Gauguin
d'Art d'Art- 2 min 1 s
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En 1891, Paul Gauguin se rend à Tahiti. En France métropolitaine, tout le pousse à fuir. Les soucis d’argent, les histoires de famille, les doutes artistiques et la soif d’exotisme lui font rêver d’un endroit qui soit le plus loin possible de sa vie quotidienne. Pourtant, le peintre est habitué à vivre ailleurs, il a grandi au Pérou, il s’est engagé dans la marine, il a vécu à Panama, puis en Martinique. Mais ailleurs ça n’est jamais assez loin pour Gauguin, qui cherche une réalité paradisiaque, loin du mal qui ronge cette fin de siècle. Ce sera donc le bout du monde.
Mais regardez ces femmes de Tahiti. Elles sont peintes en gros plan. Rien ne permet de les situer dans le cadre idyllique des îles du Pacifique. Sur cette toile, ni palmier, ni lagon, mais un coude et une main qui viennent se loger au premier plan, ainsi qu’un regard de face, mais absent !
Nous sommes hors du temps et hors de l’espace. Et pour cause, cette scène n’est pas née de l’observation, mais de l’imagination du peintre. En arrivant à Tahiti Gauguin désirait vivre enfin libre. Mais, très vite, en lieu et place de l’extase escomptée, c’est l’angoisse qui le rattrape. « Ces individus peuvent rester des heures, des journées assises sans dire un mot et regarder le ciel avec mélancolie, je sens tout cela qui va m’envahir ». Et si, de l’autre côté de la terre, l’artiste s’était finalement retrouvé nez à nez avec sa propre mélancolie, dont ce tableau serait le reflet le plus exact ?
Présenté par : Adèle Van Reeth