Abraham Bloemaert
D'art d'art !- 2 min 2 s
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Lorsque Abraham Bloemaert, le maître du maniérisme néerlandais, peint sa Madeleine pénitente en 1598, il s'agit de l'un des thèmes favoris de l'époque. Marie-Madeleine est l'incarnation de la pécheresse repentie, de la courtisane qui a sauvé son âme en suivant le Christ. C'est la femme la plus présente dans le Nouveau Testament et une figure de proue de l'Eglise catholique, alors en lutte contre la réforme protestante. Les peintres de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance se faisaient un malin plaisir de la montrer en grande prostituée, nue, riche, sensuelle et provocante, y compris au pied de la Croix. Depuis le concile de Trente en 1563, les règles sont plus strictes et l'indécence est proscrite. Pour Marie-Madeleine, les théologiens ont été clairs : du vivant du Christ, ce n'est plus une courtisane, c'est une disciple, une Marie-Madeleine repentante, donc pas de nudité, ni de vêtements coûteux, ni de bijoux. Après la mort du Christ, c'est une pénitente qui vit en ermite dans une grotte. Il faut insister sur sa mortification, sa déchéance physique. Et pourtant, la Madeleine pénitente de Bloemaert ne va pas dans ce sens : cuisses dénudées, tunique de soie blanche, elle respire la santé. La main qu'elle pose sur son sein tient plus de l'érotisme qu'un geste de piété. Et les perles à son poignet symbolisent-elles vraiment les larmes du Christ ? Il est permis d'en douter.
Bloemaert n'a pas suivi les recommandations de l'Eglise. Peut-être ce tableau était-il destiné à un commanditaire privé ? Ce qui expliquerait cette Marie-Madeleine ambigüe, à la fois sainte et concubine.
Présenté par : Adèle Van Reeth