C chaud - La saga du camping

C Jamy

6 millions de Français sont adeptes du camping. Étymologiquement ce mot, mélange du français "camper" et de l'anglais "to camp" signifie "établir un camp", car pendant longtemps le camping est une pratique utilitaire réservée aux militaires, aux trappeurs et aux alpinistes. Lors de leur expédition, ils dorment en pleine nature sous des tentes rudimentaires. Ce mode de vie a inspiré des aventuriers en mal de grands espaces. L'écrivain ecossais Robert Louis Stevenson, l'auteur de L'île au trésor, entreprend en 1870 un long périple à pied dans les Cévennes pour oublier un chagrin d'amour avec pour seul compagnon un âne et un équipement révolutionnaire pour l'époque : un sac de couchage en laine. Grâce à ce voyage, Stevenson fait partie des pionniers du camping récréatif.    Ce goût du retour à la nature gagne le Français Louis Baudry de Saunier. Lors d'un voyage en Angleterre, il a observé des campeurs en 1898. Ce journaliste amateur de sport peste contre les industrialisations des grandes villes. Il suggère donc à la population d'aller respirer un week-end au grand air. Sauf qu'au début du XXe siècle peu de vacances partent en vacances et le camping est réservé à la bourgeoisie. En 1936, le Front populaire instaure les congés payés pour tous les salariés français. C'est l'occasion de partir camper. Pour accueillir ces nouveaux vacanciers, les communes créent des terrains réservés aux campeurs.    En 2006, près de 5,5 millions de spectateurs sont allés au cinéma voir le film "Camping". C'est le cinquième plus gros succès de l'année en France devant des superproductions américaines comme Da Vinci Code ou Mission impossible III. Alors comment expliquer une telle performance ? À l'époque, le camping a déjà la cote et beaucoup de téléspectateurs peuvent se retrouver facilement. La star du camping c'est Patrick Chirac, le play boy de Dijon campé par Franck Dubosc. Depuis qu'il a été révélé quelques années auparavant à la télé, il est devenu très populaire et il a coécrit le scénario du film. Selon l'INSEE, la fréquentation des campings a augmenté de 25% entre 2008 et 2017.   Qui dit camping dit tente. Une tente bien plus ancienne que le camping. Les premières traces d'abris mobiles remontent à environ 40 000 ans dans l'actuelle Moldavie. A l'époque les hommes sont des chasseurs cueilleurs qui se déplacent au gré des saisons. Ils ont besoin d'abris faciles à monter et démonter. Ils utilisent alors ce qu'ils ont sous la main, des branches, des os de Mammouth... Mais avec le développement de l'agriculture il y a environ 10 000 ans de nombreuses sociétés se sédentarisent. L'abri est maintenant fait pour durer, mais cela ne signifie pourtant pas la fin des tentes. Certains groupes humains y restent fidèles. C'est le cas des Indiens d'Amérique qui dorment dans des tipis jusqu'au XIXe siècle. En Asie, les mongols et les wakhis construisent des yourtes. Au XIXe siècle, Henri Hopkins Sibley, officier américain, crée pour l'armée un modèle inspiré des tipis. Avec l'explosion du camping au XXe siècle, la tente se démocratise.   Depuis quelques années, on assiste au retour en vogue du camping-car avec un rajeunissement très net de la clientèle. C'est un véhicule que l'on peut mettre en location pour amortir l'investissement de départ. Une autre tranche d'âge, les 18-34 ans, est séduite par un mode de vie plus écolo avec des modèles moins gourmands en carburant. En neuf et en occasion, on compte plus de 500 000 camping-cars en France, le deuxième marché européen après l'Allemagne. Parmi les limites, l'investissement de départ d'une moyenne de 50 000 euros et l'embouteillage sur les zones d'accueil. Il y a seulement 4 000 aires d'accueil pour camping-cars en France et les communes sont souvent sous-équipées. D'autant que l'électrique est en plein essor.